En 1974, sur la plage de Vilasar, on retrouve le cadavre d’un homme en maillot de bain. Son visage dévoré par les poissons est méconnaissable : la seule piste pour l’identifier repose sur la phrase « Né pour révolutionner l’enfer » tatouée sur son dos. Voilà l’affaire que le détective Pepe Carvalho accepte de démêler dans ce polar qui fleure bon le polar noir et ses héros désabusés.
Réveillé par sa petite amie prostituée, Pepe Carvalho rejoint le patron d’un salon de coiffure qui lui propose 100 000 pesetas s’il découvre l’identité du corps au tatouage découvert le matin même. Pepe va enquêter mais... pas avant d’avoir pris une nuit de repos et mangé un vrai bon repas ! Le lendemain, il commence par questionner Don Evaristo, un tatoueur reconnu...
Personnage mythique des romans noirs de Vazquez Montalban, Pepe Carvalho débarque en BD, pour une adaptation réussie. Revenu de tout, il n’a rien perdu de son cynisme et ne s’enflamme que pour la cuisine et le sexe. Hernan Migoya, au scénario, ne s’est pas trompé en leur réservant une place de choix dans l’aventure. Au fil des rencontres et des soliloques du détective, l’enquête se dévoile, avec des soubresauts surprenants. Du début à la fin, le lecteur reste collé aux basques de ce détective hors normes, attachant malgré son côté machiste détestable et suranné.
Le graphisme de Bartolomé Segui fleure bon les années 70. Impossible d’échapper aux fameuses tapisseries, aux tenues et à l’atmosphère de cette décennie, sublimée par un trait charbonneux. Malgré des zones de texte parfois importantes, le dessin ne se retrouve jamais écrasé, immergeant dans l’aventure sans souffrir de la comparaison avec les descriptions savoureuses de Vazquez Montalban.
Pour l’enquête Tatouage, Pepe Carvalho s’incarne avec brio en BD. Espérons qu’on lui confie d’autres affaires !