Les quatre tomes de la série culte sont enfin réunis dans une superbe intégrale, complétée d'entretiens avec l'auteur et d'œuvres graphiques. Un superbe ossuaire pour cette chronique de l'au-delà. Le graphisme de Liberge est une explosion post-mortem. Un début de réponse aux questions qu'on se pose sur l'après. Après la mort, une vie osseuse ?
Le cartographe Victor Tourterelle glisse sur une petite voiture. Il choit sur le sol de sa salle de bains et passe de vie à trépas. Qu'y a-t-il donc après la mort ? Une nouvelle vie. Dans un purgatoire peuplé de squelettes qui trinquent à grands coups de mercure et force nitrates, Monsieur Mardi-Gras Descendres va suivre une nouvelle destinée.
Véritable Ovni apparu dans le ciel de la bande dessinée des années 1990, l'œuvre culte d'Eric Liberge n'a pas pris une ride. Piste de réponse à la question que tout le monde se pose sur l'au-delà, ce scénario loufoque et rocambolesque transpire l'humour. Et la critique. Celle des travers humains et de la dictature qui bruisse dès que les hommes vivent en groupe... Un chef d'œuvre.
Grand bien a pris à Philippe Druillet d'avoir pesé pour que le premier album reçoive le prix Goscinny, en 1999. Cette distinction a donné à l'auteur le souffle nécessaire pour aller au bout de son aventure graphique. Elle occupait son esprit depuis la mort de son frère, lorsque dessinateur avait huit ans. Il n'avait dès lors cessé de croquer ces univers peuplés d'os et de squelettes. Entre gothique et fines répliques argotiques.
Dans cette (re)lecture, point de lassitude. Un récit à part, une lumière graphique hallucinante, entre noir, gris et métal. Avec un effet tranché : on aime ou rejette d'emblée cette tétralogie, désormais complétée par un cinquième tome en prologue. Et quand on aime, on plonge au cœur de l'au-delà. Liberge l'a construit pour nous tous.