Poursuite du cycle entamé il y a deux albums, cette aventure saupoudrée de mythologie scandinave et d’une pincée de SF répond aux canons de la série, sans avoir le souffle épique des grands albums de Thorgal. Le dessin est à la hauteur.
Séquence d'entrée : Thorgal est dans un gouffre, essayant d'arracher un bloc d'un gros rocher bizarre. Mais des serpents venimeux y ont élu domicile et il se fait mordre. Flashback : Thorgal est pris dans une tempête avec Jolan et Boréale (l'extra-terrestre blonde amoureuse du fils de Thorgal, pour rappel). Le trio se retrouve échoué sur un minuscule îlot bien hostile et Thorgal part à la nage chercher un bateau sur le rivage. Évidemment, il se fait emprisonner par le potentat local et doit en échange de sa liberté aller chercher de la roche aux mille yeux de la déesse Skaedi, convoitée par l'Empereur de Constantinople. Retour au fond du gouffre.
Yann s'ingénie à multiplier les aventures dans l'esprit de Jean Van Hamme, créateur de la série avec Grzegorz Rosinski. Il s'en sort plutôt bien, cependant on a un peu de mal quand Boréale se met à expliquer la physique quantique à Jolan : elle était astrophysicienne, sur sa planète ! On sait bien que Van Hamme distillait parfois de la SF dans ses histoires, mais quand même... Dans cet épisode, Thorgal se fait aider par Mysla, une jeune femme un peu sorcière, plutôt attachante. Jolie, aussi.
Thorgal, T41 - Mille yeux © Le Lombard, 2023
Au dessin, Fred Vignaux assure. Il a clairement intégré la grammaire graphique de Rosinski, qu'il s'agisse des personnages récurrents ou des seconds rôles qu'il crée lui-même, tel le Haersir, la brute tyrannique qu'affronte ici Thorgal. Le gouffre, avec ses zones d'ombre et de lumière, est très bien traité aussi. Les couleurs de Gaétan Georges sont à l'avenant.
On peut se dire que la série aurait dû s'arrêter quand Van Hamme a déclaré forfait. Mais si on accepte le principe de la reprise, laissons de côté les « C'était mieux avant », et goûtons notre plaisir avec ces madeleines de Proust. Même si la recette n'est plus tout à fait la même...
Et la dernière case donne un sens tout autre à l'histoire. Après ce cliffhanger, rendez-vous dans un an pour la suite de ce cycle !
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