Pat'apouf - T19 : Pat'apouf et la maison aux serpents

Pat'Apouf a conquis des générations de lecteurs du Pèlerin, hebdo très lu autrefois. Gervy est en pleine possession de ses moyens scénaristiques et graphiques pour concocter cette histoire vintage dans laquelle le détective affronte des faux-monnayeurs.

Gervy crée pour Le Pèlerin en mars 1938 ce personnage rondouillard et intrépide, auquel il adjoint en 1956 un neveu, Jacky. Les histoires se sont succédé au rythme d'une page par semaine sous sa plume jusqu'en 1973, puis sous celle de Jean Ache et d'autres jusqu’en 1990.

Pat'apouf et la maison aux serpents © Editions du Triomphe

Comme Tintin ou Spirou et Fantasio, Pat'Apouf a été le défenseur du Bien un peu partout dans le monde. Spirou a d'ailleurs été créé un mois après Pat'Apouf, en avril 1938. Mais le groom avait la chance d'avoir un éditeur avec une vraie politique d’albums permettant d'asseoir sa notoriété. Or, il n’y eut que quelques albums, de piètre facture, de Pat'Apouf. Heureusement, Dominique Petitfaux, qui eut la chance de côtoyer Gervy sur la fin de sa vie, a impulsé la publication des histoires du détective aux éditions du Triomphe, récemment entrées dans le giron de Fleurus.

Gervy écrit en 1961 ce scénario dans lequel Pat'Apouf poursuit son séjour en Boldovie, petit état imaginaire d'Amérique du Sud. Les péripéties face à un gang de faux-monnayeurs s'enchaînent. Le duo Pat'Apouf / Jacky fonctionne bien. On note la familiarité de Pat'Apouf avec son neveu qu'il traite même de moucheron alors que ce dernier le vouvoie, tout en répondant du tac au tac à un Pat’Apouf parfois trop péremptoire. Le moustachu inspecteur Merinos, récurrent dans les aventures en Boldovie, est peu efficace, à la manière des Dupondt.

Pat'apouf et la maison aux serpents © Editions du Triomphe

Enfin, une singularité : même si les récits sont devenus moins "adultes" qu'avant l'apparition de Jacky, les morts pleuvent ou presque ! La loi française de 1949 de protection de la jeunesse s’est souvent attaquée à des albums venant de l'étranger, dont la Belgique. Aussi, si les éditions Dupuis ou Lombard ont eu fort à faire avec les censeurs, l'hexagonal Pat'Apouf n'avait pas à composer avec Dame Anastasie. Les morts violentes de certains personnages ont contribué à marquer l'esprit des lecteurs.

Lire cet album rappellera de bons souvenirs ou permettra de découvrir un héros à l’ancienne qui ne ménage pas sa peine. En bonus, un dossier sur les autres publications en France de Gervy, pour la plupart très peu connues.