La voie du glaive - T1 : Les frères furieux

L’enceinte de l’arène est finalement plus sécurisante que la ville, où la nuit les criminels font la loi. Deux jeunes gladiateurs doivent lutter pour leur survie, et c’est bien raconté, aussi bien avec les mots qu’en dessin !

Le brun Sutura et le blond Lento sont deux Provocatores, des gladiateurs prometteurs encore au bas de l'échelle. Ils combattent pour l’instant dans l’arène de Ravenne et doivent participer à une sélection qui leur permettraient d’aller à Rome dans le tout récent Colisée. La veille, ils se retrouvent au milieu d'une tuerie, dans un bouge des bas-fonds de la ville. À partir de là, ils ne doivent plus se battre pour distraire le public mais pour survivre.

Julien Brugeas et Emmanuel Herzet ont conçu un récit montrant dans les premières pages un combat dans l’arène, mais aussi l'envers du décor des jeux du cirque. Ils mettent également l'éclairage sur le côté obscur de la civilisation romaine : après une scène dans les fastes de la villa de Caecilius, un riche patricien, l'immersion dans les ruelles sordides de Ravenne n'en est que plus saisissante. Les deux mondes sont pourtant connectés : Caecilius tire en effet une partie de sa fortune de lupanars installés dans les bas-fonds.

La voie du glaive, Tome 1, Les frères furieux © Le Lombard, 2023

Mais le propos est ailleurs : il s'agit avant tout d'un récit d'action mis en scène avec réalisme par Benoît Dellac (qui avait dessiné la trilogie Nottingham du même duo de scénaristes). Son encrage nerveux convient bien au tempo donné. Dans cet univers, le dessinateur trouve vite ses marques et nous entraine avec efficacité dans une poursuite nocturne qui s’étale sur toute la seconde moitié de l’album. Cependant, le spectacle n’est pas que visuel. Sutura l’instinctif extraverti et Lento le froid calculateur sont de caractère opposé. Leur antagonisme latent devient une force pour leur permettre de survivre. Et on comprend le lien profond qui les lie.

Ce premier tome au rythme bien construit permet de découvrir des personnages attachants évoluant dans le monde romain antique, et ce dans une ambiance différente de ce qu’ont proposé par exemple les séries Murena, Les Aigles de Rome, Alix ou, bien sûr, Astérix !