Philippe Marcelé et Rodolphe ont brillamment adapté deux nouvelles d'Oscar Wilde. Leurs styles distincts se marient parfaitement à l'univers fantastique et empreint d'humour noir de l'écrivain.
La première histoire, Le Fantôme de Canterville, se situe en Angleterre vers 1890. Un riche Américain, M. Otis, emménage avec sa famille – sa femme, sa fille adolescente et ses deux jumeaux terribles – dans le manoir de Canterville Chase pour afficher leur ascension sociale. À l'achat de la propriété, Lord Canterville, l'ancien propriétaire, avertit M. Otis que le fantôme de Sir Simon hante le château depuis qu'il a assassiné sa femme dans la bibliothèque plusieurs siècles auparavant. Cependant, ce spectre, qui a terrifié tous les précédents habitants du château, n'arrive pas à effrayer cette famille américaine au comportement résolument moderne et pragmatique. Malgré tous ses efforts, le fantôme se retrouve face à une famille qui le prend plus comme un amusement que comme une menace.
Rodolphe s'approprie avec talent l'univers d'Oscar Wilde. Sa connivence avec l'univers du célèbre écrivain irlandais transparaît clairement dans la lecture de l'album. Les deux nouvelles, Le Fantôme de Canterville et Le Crime de Lord Arthur Saville, conservent toute leur modernité grâce à leur ton et leur traitement. Rodolphe en capture l'essence et offre deux récits captivants.
Le fantôme de Canterville © Mosquito
Quant à Philippe Marcelé, fidèle collaborateur du scénariste, il illustre ces deux contes avec un style gothique qui leur confère une atmosphère particulière. Son trait anguleux s'accorde parfaitement à l'époque et au thème abordé, et il réussit à donner à chaque personnage une profondeur et une personnalité distinctes. Cependant, il semble que les planches en noir et blanc n'aient pas été encrées, rendant le trait parfois un peu léger. Il est difficile de déterminer s'il s'agit d'un problème d'impression ou de réalisation. Malgré ce léger souci, la lecture de cet album est un véritable plaisir qui donne envie de se plonger davantage dans l'œuvre d'Oscar Wilde.