It's Lonely at the Centre of the Earth

Premier mois de l’année et première pépite publiée ! Elle se trouve chez Hi Comics, et elle est signée de la jeune artiste anglaise Zoe Thorogood. It’s lonely at the centre of the Earth est un des romans graphiques de ce début d’année. Retrouvez aussi l’interview de Zoe Thorogood réalisée pendant le FIBD 2024 !

Zoe Thorogood est une autrice de bande dessinée anglaise. Son premier livre, Dans les yeux de Billie Scott, a marqué les esprits. Le comic-book tiré de l’œuvre de Joe Hill, Rain, qu’elle dessine, est aussi un succès. Mais elle, a des pulsions suicidaires. Elle veut mourir. Alors elle dessine, elle raconte. Ce n’est peut-être pas intéressant, mais elle s’en fiche, elle en a besoin. Parce que sinon, on se sent bien seul, au centre de la Terre.

N'ayez crainte, tout va bien se passer

Récit autobiographique donc, pour ce nouveau récit de Zoe Thorogood. Idées suicidaires, syndrome de l’imposteur, angoisses sociales, l’artiste de 25 ans se montre d’une sincérité impressionnante. Et oui, le lecteur se retrouve plongé au cœur de tout cela, en connexion directe avec l’autrice. Quitte à se retrouver avec le moral plombé ? Pas du tout. L’autrice parvient à préserver lecteurs et lectrices de ses peurs à elle, sans jamais les mettre à distance.  Une connexion se fait, un lien se crée. Pour un récit composé au fil de l’eau, Thorogood parvient à rester cohérente de bout en bout. Ce qui démontrer une maturité narrative certaines.

Sur le fond, ce sont donc les affres de la création que l’autrice met en scène. Ainsi que le poids de la reconnaissance. Entre nominations, récompenses, l’anglaise a pris une réputation immédiatement, qui a pu lui peser. Quelle charge, à 20 ans à peine, que d’être désigné comme un talent à suivre de près ! Avec un seul album à son actif ! Mais les réactions étaient légitimes et la critique avait déjà parfaitement repéré le potentiel de l’artiste. Il n’en reste pas moins que cette position de l’artiste reconnue n’a rien de naturel. Évidemment, Zoe Thorogood a fait le nécessaire pour se mettre à cette place. Mais elle nous montre dans ce livre que créer, raconter des histoires, est un besoin vital, un besoin de santé mentale.

Folie à chaque page !!!

Et cette question de l’histoire, de la narration, c’est bien le point fort de l’autrice. C’est même l’intérêt premier de ce livre.
Parce que graphiquement, chaque planche regorge de trouvailles narratives pour que l’autrice puisse montrer l’intensité des émotions qui la parcourent. Des limites ? Zoe Thorogood semble n’en avoir aucune. Un nombre de case imposé par page ? Aucun intérêt ! Seul compte le message graphique transmis par leur agencement. Un style graphique unique ? Mais pourquoi faire ? Pourquoi se restreindre quand elle peut en utiliser trois ou quatre sur la même planche, afin de symboliser les différentes facettes de sa psyché ? Une colorimétrie harmonisée ? Mais pourquoi donc, quand c’est l’explosion nucléaire dans sa tête ? Et puis si jamais vous vous ennuyez avec tout cela, Zoe Thorogood peut aussi vous proposer quelques collages, quelques montages images. Histoire de vous réveiller un peu…

Troisième livre et Zoe Thorogood montre qu’elle est déjà une artiste à part entière au sein du 9e art. It’s lonely at the centre of the Earth possède des propriétés thérapeutiques indéniables.  Une part de génie qui s’exprime de manière foisonnante et pourtant maîtrisée. Les prochains livres personnels de l’autrice nous dirons si Zoe Thorogood demande encore à évoluer ou si son style narratif va se poser pour s’affirmer. Pour des amoureux de bande dessinée, c’est un parcours à suivre de TRÈS, TRÈS près.