Nirvana en bandes dessinées

Trente ans après la mort de Kurt Cobain, revenons sur cet album, publié par Petit à Petit, qui brosse le parcours de Nirvana, le célèbre groupe, chef de file du mouvement Grunge, qui marqua à jamais l’histoire en seulement trois albums.

Comme beaucoup, on se souvient des morceaux Smells Like Teen Spirit, Lithium, Come as you are, etc. qui ont rythmé certaines soirées un peu trop arrosées, la voix rocailleuse et la guitare de Cobain, le rythme et la fureur de la batterie de Grohl ou encore les inflexions de la basse de Novoselic sont restées dans les mémoires, véritables révélateurs d’une époque qui rompait avec la vague new Wave/pop et qui prenait ses racines dans le son punk pour devenir ce qu’on a appelé au début des années 90, le Grunge. 

… en BD !

S’il est important, aujourd’hui de revenir sur le parcours de Nirvana, ça n’est pas uniquement pour se remémorer le suicide de Kurt Cobain, mais c’est aussi parce qu’il est le reflet d’un destin tumultueux, finalement bref, qui montre à la fois les dérives du succès et ses effets sur une personnalité aussi fragile que celle du chanteur iconique qui défraya la chronique avec ses multiples overdoses. Ainsi, plus que l’histoire de Nirvana, c’est surtout la vie de Kurt Cobain qui se déploie devant nous.

Chapitre Karma Punk, Simon Léturgie © Petit à petit

Petit à Petit ajoute donc un nouveau volume à son excellente collection consacrée aux grands du rock. Le principe est le même que les autres, 16 chapitres écrits cette fois par Gaët's, entrecoupés par des textes biographiques de Sophie Blitman, qui développent les points abordés dans les diverses parties, d’un point de vue plus documenté.

Évidemment, les prestations graphiques sont assez inégales, certains sortent du lot, comme Mr Tifabar, Simon Léturgie, Achile, Miss Jena, ou encore Antoine Lamoureux, d’autres beaucoup moins (selon moi). Néanmoins, Gaët's a eu la bonne idée de varier les points de vue à chaque fois, prenant le parti de donner la parole soit aux membres du groupe, soit à des amis, soit aux proches, histoire de brosser un portrait varié qui met l’accent sur les différences de points de vue, sur les controverses qui ont pu se glisser de temps à autres.

On se rapproche donc du jeune Kurt qui vit à Aberdeen, de ses premiers amours musicaux, ses premiers instruments, guitare et batterie, ses premiers groupes et sa rencontre avec Novoselic qui va tout changer.

On glisse progressivement d’une soirée « beu » innocente à des choses plus… dures, aux débordements, la formation de Nirvana et l’arrivée quelques temps après de Dave Grohl…
Mais, si on y regarde de plus près, surtout les dates, on se rend compte que finalement, tout va plus vite qu’il n’y parait. La formation du groupe en 87, le premier album en 89, le succès avec Nevermind en 91, les concerts, la dépression de Cobain et son suicide en avril 94.

La démarche de cet album BD est tout autant de raconter que d’essayer de faire comprendre le contexte qui entoure cette évolution fulgurante. Le scénariste tente de ne pas porter de jugement et la partie rédactionnelle est là aussi pour relativiser et contextualiser, sans pour autant forcer la polémique. Même s’il est parfois difficile de ne pas mettre en lien le comportement de Cobain et sa femme Courtney Love et tout ce qui leur arrive et qui pousse progressivement le chanteur à la solution la plus extrême. Mais on ressort surtout de cette lecture avec le sentiment d’avoir appris pas mal de choses et l’envie de réécouter Bleach (1987), Nevermind (1991) et In Utero (1993). En revanche, on regrette juste qu’il n’en soit pas dit plus que ça sur Krist Novoselic et Dave Grohl. 

Un album hommage éclairant et riche.