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Crépuscule civil
Sorti le : 05/09/2013

Crépuscule civil

Dans une banlieue résidentielle non identifiée, un homme est mis dehors par sa femme. Elle reçoit ses amies à la maison pour une réunion Tupperware un peu… particulière. Durant toute une nuit, nous allons suivre les pérégrinations de cet homme, témoin passif et penaud d’une série d’événements violents et insensés.

 « Crépuscule Civil » de Steve Michiels pourrait avoir pour sous-titre : « précis de sociologie flamande à l’usage d’un lecteur curieux », tant il est vrai que son univers surréaliste déroute, intrigue et fascine à la fois. Ce qui frappe avant tout lors de la lecture, c’est la violence et l’omniprésence du sexe dans un milieu où on ne l’attend pas forcément, comme une façon de régler son compte avec une classe moyenne désoeuvrée, consumériste et perverse, qui se dissimule habilement derrière le vernis des convenances, derrière les murs de pavillons cossus.

Drôles, bêtes et méchants, ses lavis gris dessinent les contours d’une folie indubitablement
partagée, d’un égoïsme et d’une cupidité à l’image de nos sociétés matérialistes, tout en procédant à une fine mise en abyme du médium de la Bande Dessinée.
Grâce à un jeu de bascule, en filigranes tout au long du récit, entre réalité et fiction, Steve Michiels dessine une autre histoire, qui interroge le processus créatif en lui même. Une relation complexe et ambigüe s’établit entre lui et son personnage principal et donne au « Crépuscule Civil » les dimensions vertigineuses d’une pièce de Calderon ou mieux encore, les couleurs mystiques de la légende du Golem. À l’image de la créature du Maharal, le personnage de bande dessinée a le visage tourné vers le ciel, l’air idiot, et ses gestes semblent poussés par une volonté autre que la sienne. Comme un somnambule, il traverse la ville dans la nuit le regard fixé sur une étoile, sans voir la série de faits divers épouvantables qui se déroulent sous ses yeux, et se dirige vers le bar, les jambes guidées par les pinceaux de son maître, dont il lisait le livre au début et qu’il rejoint à la fin.

Les apparitions de l’auteur s’immergeant dans le livre qu’il écrit soulignent sa toute puissance démiurgique au coeur de l’univers qu’il a créé, et répondent au caractère abscon du déroulement des événements, à la violence gratuite qui se répand sur les pages.

Si les personnages de Steve devaient, abasourdis par les épreuves humaines qu’ils traversent, lever les bras au ciel, se mettre à genoux et demander « pourquoi ? », peut-être verrait on le ciel s’ouvrir et la photo de l’auteur intégrer le dessin, le temps d’une réponse explicative à tout ça. L’élaboration de cet univers narratif exalte la puissance du trait et du verbe, et démontre la puissance de l’auteur, comme s’il devait singer dieu en tentant de maîtriser les énergies et les pouvoirs complexes qui devaient donner le jour à Adam dans la Genèse. Elle n’est presque plus un but en soi mais une preuve silencieuse de l’accès à un niveau de conscience exceptionnel.
Les appendices humoristiques du récit prolongent l’expérience mystique de ce jeu entre les
« créatures » presque conscientes de leurs conditions et le créateur tout puissant.
On y lit le récit étrange du personnage sans nom, blessé de découvrir qu’il n’est qu’une création,
relatant ce qu’il trouve dans les carnets du créateur, ou encore une conversation entre les
femmes de la réunion tupperware, s’interrogeant sur le sens de leur vie. Véritables « coulisses » du Crépuscule Civil, ces pages supplémentaires finissent alors par donner au lecteur la possibilité de fouiller dans les notes de Steve, ses essais, ses questionnements et ses ratés pour se rendre compte lorsqu’il ferme le livre qu’en fait, le vrai protagoniste, c’est lui.

Cowboy Henk
Sorti le : 26/04/2013

Cowboy Henk

Avec sa houppette blonde, Cowboy Henk pourrait être le pendant surréaliste de Tintin. Politiquement incorrect, parfois potache mais tendre aussi, Cowboy Henk est un héros vieux de 30 ans, véritable icône pop et absurde !

Figure incontournable de la culture flamande, il est apparu chaque semaine de 1981 à 2012 dans l'hebdomadaire flamand à gros tirage Humo.

Et quand il traverse la frontière, Cowboy Henk est publié dans la cultissime revue RAW d'Art Spiegelman, avant de faire des apparitions en France dans Fluide Glacial, Psikopat ou Hara Kiri dans les années 80 et 90.

Amateur du nonsense, et heritier direct du surréalisme belge, Cowboy Henk contient autant de références à la bande dessinée américaine classique qu'au dadaïsme. Herr Seele avoue pratiquer un humour vache comme Magritte et sa peinture vache : peinte avec la queue d'une vache.

 

La fête des mères
Sorti le : 01/11/2009

La fête des mères

La fête des mères est le deuxième livre d´Amanda Vähämäki publié par les Éditions Frémok. Profondément attachée aux singularités de l´enfance, à l´évocation de ses mystères, l´auteur nous emmène cette fois-ci en voyage au côté de deux enfants à l´imagination prolixe, vivant sur une île coupée du reste du monde. Passionnés d´histoires d´épouvante et d´affabulations diverses, nos deux protagonistes vont découvrir une télécommande qui leur permet de voyager dans le temps... Comme toujours plein de douceur et de poésie, la Fête des mères est un récit à l´univers graphique coloré et aux traits volontairement enfantins (tracées aux pastels et aux crayons) qui en renforce la puissance révélatrice. Capturant avec justesse les préoccupations, discours et fantaisies de l´enfance, Amanda Vähämäki, avec malice, utilise le genre de la Science-Fiction comme prétexte à fixer toute une société insulaire tournée sur elle-même, dans l´attente des bateaux du continent et de leurs cargaisons d´histoires. Une nature sauvage laissée en pâture aux enfants, qui y fuient l´enfermement du monde de ces adultes, figés dans leurs rites, leurs règles, et dont les comportements étranges sont autant de signes d´un malaise profond et sous-jacent. Un tableau lumineux, dont le foisonnement graphique retranscrit avec application les milles chimères crées par les enfants, dans leur quête pour échapper au désoeuvrement. Matérialisés sous la forme d´une télécommande, leurs subterfuges pour repousser les limites irréductibles de l´île plongent le lecteur dans un doute, qu´Amanda Vähämäki choisit délibérément de ne pas élucider. Avons-nous été témoins d´un rêve ?

De la viande de chien au kilo
Sorti le : 01/06/2009

De la viande de chien au kilo

Match de catch à Vielsalm
Sorti le : 01/05/2009

Match de catch à Vielsalm

Lettres au maire de V., T.3
Sorti le : 01/05/2006

Lettres au maire de V., T.3

Caravane
Sorti le : 01/05/2003

Caravane

Carnet de voyage onirique à travers le désert, cette Caravane nous entraîne, à la suite des chameliers et des guides, dans un voyage hors du temps et du monde, dans un espace qui défie toutes les frontières : celles du rêve et du cauchemar, celles du jour et de la nuit, derrière un narrateur qui vit ce voyage sans point de départ ni but... Les couleurs du désert blanc se mêlent à l´obscurité la plus profonde, restituées ici par Svart qui redonne toute sa dimension colorée à cette déambulation au rythme du pas des chameaux.

Brutalis
Sorti le : 01/12/2002

Brutalis

Après Gloria Lopez, Brutalis est le deuxième livre de Thierry Van Hasselt. Réalisé en collaboration avec la chorégraphe belge Karine Ponties, l'ouvrage a été mis en chantier parrallèlement à la création de la pièce du même nom. Le sujet est l'observation et la transcription du corps en mouvement. La succession de dessins suscite l'émergence de la narration. Les sensations du corps sont perçues (peau, os, membres, pensées). Les émotions sont notées. Le corps devient matière, tantôt grasse, tantôt ferme; le corps devient poussières, angles, paysages aussi bien. Le sens se déploie. Evolutions accélérées de l'espèce, dégénérescences cycliques. Langueur de la posture, réminiscence de l'encre et du papier. Miroir infranchissable. Images furtives et fuyantes. Reflets avalés par la lumière.

En Série
Sorti le : 01/09/2002

En Série

Il peut y avoir quelque chose de surprenant à voir une jeune fille retracer, pour son premier livre, la trajectoire d'un tueur en série. Encore faut-il noter que le récit, loin de suivre les classiques développement du genre policier, prend les chemins de la fable. Chronologiquement, la seconde partie du livre exécutée en noir et blanc, a été réalisée en premier. Conçu pour être indépendante, elle va pourtant donner naissance à la première partie et au livre. Car poursuivant son ''travail'', Aude Samama n'a pas voulu simplement développer son récit, elle lui a donné un autre visage, lui a offert un nouvel éclairage d'ensemble. Les planches qui naissent dans un second temps sont traitées en couleur et reviennent sur le passé révélé lors de la confession du héros. C'est dans le rapport qui s'établit entre les deux narrations de la même période que se place l'enjeu du livre. Ce ''retour vers le passé'' a pris effectivement une forme inattendue : une économie de lieux, une quasi absence de d'arrière plans et de détails. Les quelques éléments de reconstitution historique s'effacent pour ouvrir sur un univers où la palette chromatique tient lieu de décor physique et mental, un univers d'ombres, de désirs et de menaces, un univers de conte, affranchi de tout réalisme. De cette approche surgit sous un jour nouveau la figure de Lily, une jeune mère trop séduisante, égoïste parce qu'inconsciente, tour à tour femme-enfant, amante, mère ou prostituée. La couleur suit la ligne du corps, souligne une sensualité qu'un amour déçu va condamner. Elle met dans le même temps en scène le drame de son fils, Angelo, dont le visage et le corps deviennent ceux d'un homme et dont la silhouette porte sur sa mère une ombre menaçante. Sur fond de portes, de serrures, d'escaliers, le meurtre n'est qu'un rite de passage impossible, un passage à l'acte raté. Un compte à rebours a commencé et au jeu de la couleur succède le noir et blanc. La seconde partie annonce dès la première image la fuite d'Angelo, la répétition de ses gestes, sa culpabilité et sa chute. Cette série, cette mauvaise passe, seule sa confession permettra de la briser avec les mots de la douleur et de la rancoeur. C'est alors qu'est dit explicitement le sujet central du livre : le désir, qu'il soit refoulé ou souverain. Bien plus qu'Angelo, enfant devenu un tueur ou tueur redevenu enfant, c'est le désir lui-même qui, capable de briser les destins en série, apparaît comme le véritable loup de ce conte.

Les nouvelles aventures de l'incroyable Orphée
Sorti le : 01/04/2002

Les nouvelles aventures de l'incroyable Orphée

Dans un interland qui n'est ni la vie ni la mort, mais le passage entre deux Tom Dieck et Jens Balzer organisent une rencontre entre qulques philosophes structuralistes et Gilles Deleuze, le philosophe du désir. Dans cette zone de non-mort et de non-vie, Deleuze rencontre ses amis Lacan, Foucault, et Barthes. Lacan disparaît, et on retrouve plus loin Deleuze occupé à créer une machine délirante telle que les affectionnait le vrai Deleuze. Le livre dès lors se présente lui-même comme une machine faite d'assemblages hétéroclites, s'y croisent des penseurs, des personnages de BD sortis tout droit de Krazy Kat et des personnages de la mythologie grecque. Delire, contrainte, humour, réflexions sont ainsi les ingrédients d'un livre qui parvient à créer un Deleuze fictif qui pourrait rivaliser avec le Deleuze ayant existé. Ce n'est pas le moindre plaisir de ce livre: le lecteur se projette avec délectation dans la peau du personnage. La référence à Krazy Kat est, de ce point de vue, tout à fait opportune car le plaisir de lecture est fort semblable à celui éprouvé à la lecture du classique d'Herriman. Images: © FREON - Dieck / Balzer ---- du9 Salut Deleuze ! de Martin Tom Dieck & Jens Balzer [Fréon] Expérience oubapienne, Moins d'un quart de seconde pour vivre relevait avec beaucoup d'adresse un défi impossible : construire un récit de bande dessinée à partir de huit cases, pas une de plus, répétées à coup de photocopieuse. Le résultat en était un objet étrange, étrangeté qui venait plus des interrogations métaphysiques et philosophiques des personnages plutôt que du procédé lui-même. Salut Deleuze ! effectue la démarche inverse : de procédé créatif, la répétition devient le sujet principal de l'oeuvre. Puisant son inspiration dans la philosophie de Deleuze, ce récit se présente comme une fable, un conte éducatif et pédagogique qui délaisse le fatras ésotérique des phrases alambiquées pour illustrer brillamment quelques concepts forts. Bien sûr, la philosophie est partout présente : des personnages aux citations qui émaillent les dialogues, en passant par la structure même du récit. Mais elle n'est jamais pesante, et c'est avec amusement que l'on découvre le processus de progression de l'histoire, puis qu'on en vient à l'anticiper. Le dessin de Martin Tom Dieck est superbe et vient souligner cette ambiance atemporelle de la traversée du Styx, sacrifiant la satisfaction d'une mise en valeur aux besoins de l'oeuvre. Et emporté par cette poésie étrange, on en oublie la raison (forcément triste) de ces conversations en barque - seul résonne ce Salut Deleuze ! amical. --- BdParadisio ____________ Je viens de lire ... ____________ « Les nouvelles aventures de l'incroyable Orphée », par Martin Tom Dieck et Jens Balzer. Chez Fréon. La BD intello existe, je l'ai rencontrée ! C'est un peu ce qu'on aurait envie de dire pour résumer cet étrange album qui fait suite au « Salut Deleuze ! » publié en 1998 et réédité pour l'occasion. Gilles Deleuze, vous connaissez ? Pas la peine de vous ruer sur le dictionnaire de la BD pour vérifier qui est ce nouveau personnage, c'est plutôt le Petit Larousse qu'il vous faut. Gilles Deleuze est un philosophe. Et grâce au talent conjugué de Jens Balzer et de Martin Tom Dieck, c'est désormais AUSSI un personnage de BD. Balzer a voulu s'appuyer sur certains des travaux principaux de Deleuze pour créer un univers qui en soit le reflet. Ainsi, le premier album explorait le thème de la répétition. Celui-ci aussi, bien qu'il le fasse de manière moins systématique, mais il laisse en outre beaucoup de place aux « amis » de Deleuze qui ont, comme lui, traversé le Léthé en compagnie de Charon. On retrouve Foucault, Barthes, Lacan dans des rôles caricaturaux. Plus loin, Buster Keaton fait son entrée, ainsi qu'Orphée et Eurydice. Attaques d'amazones, machines structuralistes, réflexion sur la mort et le monde, il y a de tout dans ces nouvelles aventures de l'incroyable Orphée. De tout et pour tout le monde. Car les auteurs se sont amusé à multiplier les pistes et les lectures. Chacun y trouvera donc un écho à ses propres préoccupations ou à sa propre culture. Le défi n'était pas simple à relever. Il faut dire que la réussite doit beaucoup à Martin Tom Dieck. Ses visages tout en longueur imposent une forme curieuse, grotesque, à l'ensemble du récit. Pour le reste, un savant travail sur la lumière organise les décors minimalistes. La cerise sur le gâteau est quand même de lire des dialogues en grec classique non traduits dans une BD. Il fallait oser. Ils l'ont fait ! Je viens de lire, de Thierry Bellefroid.