Ses collègues de boulot la surnomment « Grande gueule ». Mais si Nina l’ouvre un peu trop, elle ne supporte pas de perdre son job de femme d’entretien dans une boîte de transports. C’est aussi le cas de Castor, chauffeur dans la même boutique. Un récit de l’urgence avec un dessin qui colle au plus juste.
Nina ne veut pas perdre son job de femme de ménage aux Transports Doublet. Mais elle l’ouvre trop. Tout comme Castor, chauffeur routier, qui a cru bon de faire de la délation histoire de marquer des points auprès de la hiérarchie. Tous deux risquent de perdre leur emploi. Pour le conserver, ils sont prêts à tout.
Ce n’est pas la meilleure histoire d’Etienne Davodeau. Elle tient en haleine, mais il manque ce petit panache qui fait la différence entre des récits un brin décevant comme Lulu femme nue ou Le Chien qui louche et des histoires très abouties à l’image de Quelques jours avec un menteur, Le Réflexe de survie, Rural !, Les Mauvaises Gens ou encore le premier volet de cette trilogie, La Gloire d’Albert.
Le coup de crayon du dessinateur gagne toujours et la mise en couleur est très sensible. C’est du Davodeau pur jus et on en oublie, à la (re)lecture, qu’on tient entre les mains la réédition d’un album paru il y a quinze printemps. Le trait est vif, les expressions des personnages développées. Le dessin soutient la narration avec brio, comme souvent chez cet auteur.
Il y a un côté Louise Michel, film dans lequel Yolande Moreau et ses camarades d’usine licenciées embauchent un tueur pour liquider leur patron-voyou. Mais ici, le DRH est doux comme un agneau et ne se doute pas de ce qui lui pend au nez. Le dessin saisit à merveille l’urgence de la situation et le stress des personnages. Réussie, même si ce n’est pas la meilleure BD de Davodeau…