Condamné pour meurtre, Patrick Comasson, un jeune instituteur, a échappé de peu à la guillotine mais a pris perpète dans le bagne guyanais. Il raconte son histoire à quelqu’un dont nous ne découvrirons l’identité qu’à la toute dernière page. Fabien Vehlmann nous entraîne dans l’univers infernal des bagnards servi par un dessin, certes minimaliste, mais qui sied bien à l’ambiance rude qui pouvait y régner à cette époque.
Dans le premier tome, Comasson va très vite devenir celui qu’on nommera Paco les mains rouges. Victime d’un triple viol, il usera de l’arme blanche pour écarter toute nouvelle agression. Il fraternise avec Armand, dit la Bouzille, un as du tatouage dont le régime de Cayenne va provisoirement le séparer.
Fabien Vehlmann nous raconte avec force détails le menu quotidien des condamnés, les combines, la débrouille, les règles drastiques et sans pitié aucune du régime pénitencier, la violence intrinsèque pour subsister dans cet enfer au décor pourtant paradisiaque. On ne s’échappe pas du bagne et rares sont ceux qui y survivent au-delà de cinq années. Un retour à la métropole participe du domaine de l’illusion. Dans ce second tome, l’anti-héros Paco parviendra à recouvrer une certaine intégrité.
C’est en ayant séjourné à plusieurs reprises en Guyane qu’Eric Sagot éprouva l’envie de raconter une histoire s’y déroulant. Surtout connu pour ses croquis de voyage, il aborde le récit de bagne avec Fabien Vehlmann comme partenaire idéal pour lui construire un scénario.
Son dessin, d’une rare simplicité notamment dans la physionomie des personnages peut, dans un premier temps, rebuter le lecteur friand de belles images. Mais, gagné par une narration menée de main de maître, sa petite musique graphique finit par envoûter. Il excelle notamment dans le rendu des paysages et des décors sans esbrouffe pour installer le climat malsain des lieux qu’il traite avec une extrême pudeur. Un diptyque à découvrir.
Article modifié le 2/11/2017 concernant la biographie d'Eric Sagot