A Moscou en 1904, l’oncle du Tsar Nicolas II, le grand-duc Alexandrovitch, a lâché son mouchoir par erreur. Il a autorisé ainsi la troupe à tirer sur la foule qui manifeste. Fabien Nury raconte le destin incroyable et désormais tracé du grand-duc dans ce premier tome de Mort au Tsar.
On ne fait pas dans la dentelle en Russie au début du siècle dernier. La Révolution pointe le bout de sa faucille. La famine déclenche une manifestation à Moscou en 1904. Le grand-duc Sergueï Alexandrovitch, gouverneur de la ville, s’adresse au peuple de son balcon pour le calmer. Il a convenu que s’il agitait son mouchoir, les soldats devaient tirer. Une tomate le frappe au visage, il lâche son mouchoir, c’est l’hécatombe. Erreur d’appréciation des officiers.
Sans le vouloir, c’est aussi son propre arrêt de mort que vient de signer le grand-duc. Pour tous, du Tsar au gouvernement, en passant par sa femme, il ne peut être que rapidement victime d’un attentat qui vengera les victimes innocentes. Quand ? Comment ? Qui ? Un anarchiste, un révolutionnaire ? Peu importe. Pour tous, le grand-duc est un mort en sursis et pas question de fuir. On le lui interdit. Victime désignée, il n’a plus qu’à attendre.
Le grand-duc se résignera à sa fin inéluctable. Fabien Nury décrit, avec une grande justesse de ton, les étapes surréalistes par lesquelles passent un homme tout puissant, protégé et pourtant si faible, désabusé, abandonné de tous. Nury nous plonge avec force et réalisme au coeur d’une époque méconnue, les prémices de la révolution bolchévique de 1917. Thierry Robin a bien cadré son dessin avec une petite pointe de folie dans le trait qui colle à cette histoire hors normes.
Le deuxième tome de ce diptyque proposera la version de l’événement mais cette fois vu par l’assassin du grand-duc.