Adapter en BD les Mémoires d'un paysan bas-breton, il fallait oser. Mais c'eut été dommage de s'en priver, lorsqu'on connaît la qualité et la portée universelle de ce texte. Jean-Marie Déguignet, misérable Finistérien, va inverser sa destinée et parcourir le monde. Excellent départ avec ce premier tome, à la narration et au dessin convaincants.
Le petit Jean-Marie Déguignet né au cœur d'une famille de paysans bretons misérables, dans la campagne d'Ergué-Gabéric près de Quimper. Haut comme trois pommes, il est déjà rompu à la mendicité. Mais un grave accident et une blessure à la tête qui le fait passer à un doigt de la Faucheuse, l'Ankou dans l'imaginaire breton, lui apporte une intelligence hors-norme. De là à s'élever socialement ?
Grâce aux éditions Arkae, Les Mémoires d'un paysan bas-breton ont pu être découvertes du grand public, même si le titre a surtout eu un impact sur les consciences en Bretagne. Cette histoire d'un pouilleux rural, dont la pensée et le destin vont être bousculés par une piqûre d'abeille, revêt une universalité qui va bien au-delà des limites de l'Armorique. Le petit Jean-Marie voit désormais le monde avec son esprit brillant, plus à l'aune des croyances de son village...
Ce texte incontournable valait bien une adaptation en BD : c'est chose faite par Stéphane Betbeder et ce sera en trois tomes. Quel bonheur de ne pas systématiquement tomber dans l'écueil d'un graphisme systématiquement typé heroic fantasy lorsqu'il s'agit d'aborder la Bretagne historique en particulier et le monde celte en général ! Le dessin de Christophe Babonneau, en phase avec les couleurs d'Axel Gonzalbo, nous entraîne sur les traces d'une destinée hors du commun.
Mention spéciale à la couverture soignée, une marque de fabrique de la collection Soleil Celtic. Vivement les deux prochains tomes, que l'on plonge encore davantage dans le destin bouleversé de Jean-Marie Déguignet.