C’est à un véritable feu d’artifice que nous convoquent Loisel et Tripp pour ce bouquet final où chacun va trouver une sorte d’aboutissement dans sa quête personnelle du bonheur. Avec cet ultime épisode, Régis Loisel et Jean-Louis Tripp achèvent leur fabuleuse chronique québécoise d’un petit bourg dans les années 1920.
Une multitude de personnages, tous plus pittoresques les uns que les autres, s’y entrecroisent dans leurs différents cadre de vie, de leurs activités respectives et de leurs relations au sein de la petite communauté. Un récit choral de grande ampleur où chacun de ses nombreux habitants est traité avec la même attention, la même chaleur humaine : Marie va donner le jour à des jumeaux, Réjean le curé va trouver sa voie hors de l’Eglise, le bateau construit par Noël est enfin prêt à appareiller, Serge, en dépit de ses préférences sexuelles, est parfaitement intégré à la communauté, etc.
Dans ce travail à quatre mains, Magasin Général témoigne d’une exceptionnelle synergie entre Régis Loisel et Jean-Louis Tripp qui ont ainsi travaillé pendant plus de huit ans ensemble sans le moindre accroc. Il convient aussi de mentionner la participation de Jimmy Beaulieu, pour la truculence de ses dialogues en québécois, et celle de François Lapierre pour son remarquable travail de colorisation.
Si ce dernier album a mis un an de plus à voir le jour, c’est en raison d’une pagination plus importante. En guise d’épilogue, un album photos nous conte en noir et blanc la destinée des différents personnages jusqu’en 1936. Belle façon pour eux de tirer leur révérence !
D’aucuns verront sans doute dans ce bel ensemble une harmonie utopiste, débordante de bons et généreux sentiments. Pas le moindre « méchant » à l’horizon, rien que des « bons » ! Mais, est-il besoin de le rappeler : cette histoire est celle d’un autre temps, une époque que nos grands-parents, voire nos parents, évoquaient parfois avec beaucoup de nostalgie ?