Les Cinq de Cambridge, bande dessinée d’espionnage, se fonde sur une histoire vraie. Si le premier tome était poussif, ce deuxième volet se montre plus convaincant. Broadway entre dans le vif du sujet alors que la Deuxième Guerre mondiale vient d’éclater.
Nos cinq héros occupent désormais des postes clés qui leur permettent d’obtenir facilement des informations importantes. Kim, journaliste en Espagne, réussit même l’exploit d’être décoré par Franco en personne. Donald occupe un poste à l’ambassade de France à Paris tandis que Guy, malgré sa vie dissolue et scandaleuse pour l’époque, a été recruté par le MI6. Les convictions communistes des cinq personnages, encore solides, sont mises à rude épreuve par le pacte germano-soviétique et par les vies humaines sacrifiées pour la cause.
Beaucoup plus rythmé, le scénario de ce deuxième tome est porté par les événements de la guerre. L’intrigue de Valérie Lemaire accorde une large part aux tractations secrètes entre l’Allemagne et l’URSS. Le traitement accordé aux cinq protagonistes s’avère très inégal et c’est le personnage de Guy Burgess, le plus haut en couleurs avec son homosexualité assumée et ses incessantes provocations, qui est mis en avant. Ce choix n’est pas mauvais en soi mais il a tendance à déséquilibrer le récit car les quatre autres héros sont relégués au rang de faire-valoir alors même que leur rôle historique est tout aussi important.
Heureusement, la jolie ligne claire d’Olivier Neuray sert parfaitement l’histoire. Les belles couleurs sombres renforcent le côté tragique des événements. Les personnages principaux mieux maîtrisés sont mis en valeur par le dessin qui fait ressortir leurs différentes personnalités.
Les cinq étudiants de Cambridge sont devenus des hommes et ont vu leurs idéaux confrontés aux dures réalités de la politique et de la guerre. Ils n’en ressortiront pas indemnes, le lecteur non plus.