Joey, quatrième tome du Train des orphelins, clôt avec brio le second cycle, commencé avec Lisa. Réfugiés à New York, Lisa et Joey sont toujours sur la trace de Jim, le grand frère de Joey. Le hasard met M. Coleman ainsi qu’Harvey sur leur chemin. Pour le meilleur et surtout pour le pire.
Dans le passé, Lisa fuit la menace d’un mariage forcé. Joey, celle de parents adoptifs maltraitants. Leur périple les mène à New York pour retrouver Jim. M. Coleman s’y trouve lui aussi. Licencié pour trafic d’enfants, il se cache d’un père dont il a vendu la fille. Lorsqu’il repère Harvey, l’usurpateur adopté sous la fausse identité de Jim par une riche famille, le chantage semble s’imposer… Dans le présent, Lisa est invitée à témoigner de son passé. Joey, blessé par les années, l’accompagne. Les jeunes mariés, Jim et Bianca, eux, voyagent vers le Kansas.
Le récit, toujours construit sur une intrigue double, repose sur une interrogation tenace. Joey va-t-il enfin retrouver Jim ? En outre, Philippe Charlot y pose un suspense complexe, presque Hitchcockien, puisqu'il s'appuie sur ce que l’on sait et non sur ce qu’on ignore. Trop d’éléments sont donnés pour ne pas anticiper le malheur qui attend les jeunes Lisa et Joey. C’est bien là toute la force de cet album où on ne peut que s’émouvoir et éprouver une profonde empathie pour des personnages poignants embarqués dans un récit bouleversant.
Grâce à une ligne expressive, Xavier Fourquemin rend ses personnages touchants et devient un véritable virtuose quand il s’agit de les vieillir. Il parvient même à insuffler de l’humour et de la légèreté lorsque la situation pèse, voire du mystère par son portrait acerbe et taiseux de l’énigmatique homme barbu.
Joey conclut une excellente série. Il fait sourire, émeut, perturbe. Il reste encore tant à dire qu’on espère un troisième cycle. C’est qu’il y a du talent dans ce duo d’auteurs…
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