Le Reste du monde - T3 : Les Frontières

À une époque où les catastrophes naturelles s’enchaînent, la fiction imaginée par Jean-Christophe Chauzy n’a plus rien de prémonitoire, elle est d’actualité. Dans le premier diptyque, nous suivions Marie et ses deux fils tentant vainement de retrouver le chemin de la capitale après un séjour d’été passé dans les Pyrénées. Chauzy renoue avec ses personnages alors que trois années se sont écoulées depuis le premier cycle et franchit un nouveau pas dans ce monde en déréliction.

Les deux garçons de Marie finissent par trouver refuge dans une communauté où ils vont devoir s’adapter à leur nouvelle existence. Jules et Hugo apprennent à survivre en s’adonnant aux fonctions les plus élémentaires : jardinage, cueillette, chasse et pêche. Mais le danger rode constamment avec des groupes de pillards armés qui écument la région. Car en définitive, ce n’est pas tant la nature qui est le plus à redouter, mais nos semblables ! Illustration parfaite de l’adage « L’homme est un loup pour l’homme ».

Dans cet univers post-apocalyptique qui rappelle celui de La route, le chef-d’œuvre incontournable de Cormac McCarthy, Chauzy bâtit son récit en lui donnant le souffle et l’ampleur d’une grande saga, chaque tome atteignant les 110 pages. Il observe attentivement comment l’homo sapiens du XXIe siècle, en tentant de survivre coûte que coûte, n’a rien perdu de sa sauvagerie. Après avoir magnifié la nature dans ce qu’elle a de plus beau, il fait déambuler ses personnages dans d’immenses décharges où s’entassent tous ces produits d’équipement et de consommation censés contribuer à notre bien-être et notre bonheur.

Sa mise en page très aérée, avec parfois des images pleine page et même en double-page, est à l’aune de sa narration, ne rechignant devant aucun détail pour illustrer cette « fin du monde ». Le dernier tome à paraître l’an prochain s’intitule Les enfers. Prémonitoire quant au devenir de l’humanité ?...