Ca y est, Léon et Calixte sont des Princes du Djebel. Chacun mène la guerre à sa façon : le Corse s’occupe de l’achat et de l’acheminement des armes quant à l’aristo, il semblerait que seule une certaine Anissa puisse momentanément arrêter les charges qu’il mène contre l’armée espagnole. Leur heure de gloire sera de trop courte durée, emportée par le tourbillon haletant de l’Histoire.
Le sang coule et l’or afflue. Les deux Français partis conquérir le Djebel ne sont pas déçus. Chacun mène peu à peu la vie qu’il voulait : à Tanger, Léon devient le caïd qu’il a toujours voulu être tandis que Calixte mène de nombreuses charges, quand il ne forme pas de nouvelles recrues dans un petit village où réside la belle Anissa aux yeux d’or. Leurs rêves se réalisent enfin... Le réveil n’en sera que plus brutal...
Même si la victoire semble trop belle pour être vraie, on croit ardemment au destin que se fabriquent les deux pirates venus conquérir le Rif pour embrasser la liberté. Chacun de leurs gestes entraîne un tourbillon d’action. Au pas de charge, les deux rêveurs organisent la République du Rif, alternant batailles épiques et négociations diplomatiques serrées. A leurs côtés, jamais un temps mort, la conquête est permanente.
Le destin d’un idéaliste, orateur grandiose, et d’un négociant, dont l’appât du gain n’a d’égal que la fidélité à son compagnon, ne serait pas aussi frappant sans un cadrage audacieux. Le mouvement est omniprésent et les personnages maîtrisés, même dans leurs changements physiques. Les plans parfaitement orchestrés donnent à la fois la place aux grandes actions et aux moments plus feutrés. De quoi s’attacher durablement aux deux héros, le loufiat comme le romantique.
Léon et Calixte ont trouvé le pays où étancher leur soif de liberté. La chute, annoncée, n’en sera que plus rude. Pour eux comme pour le lecteur.