Le bagne de Cayenne a fonctionné pendant près de cent ans, voyant défiler des milliers de bagnards, dont une minorité survivra. En 1923, le reporter Albert Londres se rend sur place pour y faire un reportage sur les conditions de vie. Durant son séjour, il va rencontrer Eugène Dieudonné, dit l’anarchiste innocent. Cette œuvre à mi-chemin entre fiction et réalité prenante décrit un des lieux les plus ignobles de la République.
La nuit dans la jungle, des hommes se retrouvent et tentent d’échapper à leurs poursuivants et leurs chiens. Des tirs, des animaux sauvages, des mouches, des serpents... le danger et la cruauté sont partout. Pourtant pas question de renoncer : l’océan est l’espoir. À l’horizon, un bateau, celui d’Albert Londres qui se rend au bagne de Cayenne.
Le début du récit, en voix off, renforce le propos, centré sur Eugène Dieudonné, dont on découvre l’histoire au fur et à mesure du récit. Le bagne se dessine en creux avec toute l’horreur d’un quotidien sans espoir : les conditions de vie inhumaines dans cet enfer au climat difficile, les châtiments corporels et psychologiques qui sont montrés sans fard mais aussi sans complaisance ni exagération.
L’intrigue avance lentement cependant ce premier tome n’ennuie jamais. Le lecteur finit même abasourdi par la relative facilité avec laquelle les bagnards finissent déshumanisés par l’institution.
Dès les premières pages, le trait simple et anguleux marque, souligné par la colorisation particulièrement riche dans ses nuances. Dans un découpage sobre aux atmosphères parfaitement maîtrisées, la moiteur de Cayenne, peu propice à l’espoir, éclate au fil des pages
Ce premier tome de Forçats résonne tel un tir dans la jungle.