Le Specimen

En Sibérie, loin des yeux des Hommes, existe le centre de Rynpeski. Là au milieu de l'enfer blanc, les condamnés à mort deviennent les cobayes d'expériences médicales juste avant l’application de leur peine. L'exécution de l'un d'eux va se terminer par un phénomène surnaturel qui va pousser le docteur Irina sur le chemin de l'étrange. Un Spécimen à l’intrigue tortueuse...

Une femme en T-shirt marche dans la neige. Elle tombe, un peu hagarde, avant d'être repérée par un hélicoptère. Il s'agit du docteur Irina, qui va devoir répondre aux multiples questions des autorités russes sur ce qu’il s’est passé à Rynpeski. Lors de l'interrogatoire, suite aux menaces à peine voilées d'un militaire, elle fait exploser la vitre sans tain derrière elle, sans bouger. Le ton est donné...

Le récit de Spécimen déroute car il ne délivre pas les clés de son intrigue, laissant libre cours à l’interprétation du lecteur. Entre deux temps forts de l’action, si le lecteur cherche à remplir les angles morts du scénario de Walter Hill et Matz, il se prendra très vite au jeu des correspondances... Seule ombre à ce huis clos, la froideur des protagonistes qui laisse à distance même d’Irina et ses intentions louables.

Le dessin épuré et sans détour de Julien Ribas s’avère efficace pour ce thriller surnaturel où l’inquiétude prend toute sa place dans l’intrigue. Les pages muettes pleine de sous-entendues quand elles ne sont explosives sont celles qui captent le plus l’œil et transmettent aisément l’ambiance oppressante.

Le Spécimen et ses 128 pages d’épouvante est de ces récits à la frontière de l’épouvante qu’on adopte ou rejette au bout de quelques pages.