Annaïg et Loïc Sécheresse retracent la légende bretonne de la Ville d’Ys dans une bande dessinée qui vaut le plongeon au fin fond de la cité engloutie. Elle vient de sortir dans la collection Mirages, pilotée par l’auteur quimpérois David Chauvel aux éditions Delcourt. Tous au fond de la baie de Douarnenez !
Le roi Gradlon fait la guerre dans les contrées nordiques. Il tombe en amour avec une reine, Malgwen. Mais elle perd la vie en la donnant à leur fille, Dahud. Le roi breton est complètement anéanti. Il croise alors la route de Saint Corentin qui l’amène à embrasser la foi chrétienne. Mais les croyances celtes dans lesquelles baigne la Bretagne sont autant d’épines dans le pied de ceux qui veulent la christianiser...
Dahud est le fer de lance de cette opposition. Comme le rappelle le chanteur Gilles Servat dans la vibrante préface de cette bande dessinée, « les Celtes honoraient une déesse triple : savante, guerrière et féconde. […] Le désir et les plaisirs de la chair étaient permis. Le péché n’existait pas ». Dans le christianisme, si. Dieu est un homme et il est unique. Ça change tout.
Rebelle, Dahud se réfugie dans la cité que lui a fait bâtir son père : la Ville d’Ys, qui finira engloutie au fin fond de la baie de Douarnenez. Mais son approche de la vie et ses souhaits de liberté en dehors de tout joug religieux provoquent le courroux de l’Église... Une bataille s’engage entre Quimper et la mer.
Un scénario bien ficelé et un dessin aux courbes plantureuses : la légende bretonne de la Ville d’Ys est revisitée de façon contemporaine. Elle donne du mouvement au graphisme dans lequel s’épanouissent des couleurs flamboyantes. On reconnaît dans ce (bon) choix éditorial l’œil aiguisé de défricheur du prolifique scénariste David Chauvel, directeur de la collection Mirages.