William s’est retiré dans une belle maison au pied d’une falaise vertigineuse. S’adonnant pleinement à son art, la peinture, il reçoit de temps à autre Victor, son ami et galeriste, et Rosalie qui vient poser pour lui. Mais lors d’une sortie en mer sur son canot, William est soudainement attaqué par deux sirènes. Fidèle à ses thématiques, Guillaume Sorel signe avec Bluebells wood, son album sans doute le plus abouti, un véritable joyau.
William ne doit son salut qu’à une troisième sirène qui va tomber amoureuse de lui. On est cependant loin du célèbre conte d’Andersen : si les unes se montrent sous un jour maléfique, celle qui va le faire craquer est d’une nature totalement imprévisible, à la fois prévenante mais aussi possessive, jalouse, parfois à deux doigts de devenir aussi bestiale que ses consœurs.
On sait le goût de Sorel pour le genre fantastique depuis ses débuts jusqu’à sa récente adaptation du Horla de Maupassant en passant par la série Algernon Woodcock, incontournable ! Imprégné par l’univers de l’écrivain William Hope Hodgson dont l’œuvre inspira notamment H.P. Lovecraft, il a su renouer avec l’ambiance angoissante des romans et des nouvelles de cet auteur auquel il rend ici un bel hommage.
S’étant écarté de la bande dessinée pendant plus d’une année pour se consacrer à la peinture, c’est suite à un séjour à Guernesey dont les paysages l’ont visiblement beaucoup inspiré, que Guillaume Sorel commença à imaginer cette histoire. Sa maîtrise de la couleur et de la lumière, tant dans les ambiances diurnes que nocturnes, son sens des cadrages avec un découpage rigoureux, accorde toute la puissance à ses images avec de nombreuses planches dispensées du moindre texte.
Un somptueux et copieux cahier en fin d’ouvrage avec, notamment des projets de couverture, croquis préparatoires et peintures, achève de rendre cet album indispensable dans votre bibliothèque.
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