Il est des épreuves de vie qui chamboulent tout sur leur passage et laissent ceux qui les traversent fragilisés et exsangues. Domas partage celle de la maladie de sa mère, dans ce roman graphique écrit et dessiné avec les tripes.
Max est un auteur fourmillant de projets, un compagnon amoureux, un père de famille. Mais avant cela, Max a été un fils, celui d'une mère forte, présente et aimante. Aujourd'hui, Max est toujours un fils, mais la mère qu'il a connue disparaît dans les limbes de la maladie de Benson, comparable à Alzheimer dans ses symptômes et son irréversibilité.
Digérer la nouvelle, gérer l'accompagnement de la malade, sentir les rôles s'inverser, réussir à dépasser sa colère face une situation triste et injuste... Autant d'étapes auxquelles Max devra faire face dans son processus d'acceptation et de deuil. Et pour ne rien arranger, la maladie et les angoisses qu'elle réveille chez chacun révèle des failles dans le couple de Max.
Ce récit autobiographique, étalé sur plus de trois ans, n'occulte rien. À la perte progressive et inéluctable d'une mère s'associe la perte de tous les repères qui ont construit l'adulte que Max est devenu. Domas parle de cela avec sincérité et poésie dans un témoignage que l'on sent profondément thérapeutique.
Son dessin, par sa légèreté et sa douceur, contraste avec la dureté du thème de cet album tout en noir et blanc mais rehaussé de rouge pour accompagner plus encore l'intime ou appuyer la violence des émotions.
On regrette que le récit soit si auto-centré qu'il en oublie la détresse de l'Autre, la compagne de Max notamment, à qui l'on semble reprocher un manque d'empathie face à un conjoint absent et colérique. Ce parti-pris très introspectif ne renseigne pas plus sur une maladie peu connue. Il n'en reste pas moins touchant, et, on l'espère et le comprend dans l'épilogue, salvateur pour son auteur.