Le combat de cinq anciennes ouvrières de chez Jabil, usine d’électronique autrefois basée à Brest, qui ont vu petit à petit leur monde professionnel s’écrouler et ont décidé de le raconter dans une pièce de théâtre. Un roman graphique plein de sensibilité, criant de réalisme et de vérité. Aussi brestois qu’universel...
1971. Ericsson, usine d’électronique, ouvre à Brest. C’est le temps de l’insouciance : il y a du boulot, même difficile. Et pour toutes ces ouvrières, le travail à la chaîne va être l’opportunité de sortir de chez elles... Mais de plans sociaux en délocalisations, jusqu’à la fermeture il y a quelques années, leur vie professionnelle a été brisée. Cinq d’entre elles ont monté une pièce de théâtre pour continuer à se battre.
Ce fin récit est mené tambour battant par le Brestois Sébastien Vassant, sur une idée originale de son confrère Kris. Au fil de l’histoire de ces dames, c’est toute l’évolution du capitalisme de ces trente dernières années qui se joue. L’auteur, à travers une narration très sensible, a apporté une touche d’universalité à une navrante histoire locale.
Son coup de crayon offre beaucoup d’expressivité à ses personnages mal finis, griffonnés, mais dont on ressent tout le poids de la vie à travers leurs mimiques et expressions graphiques. La sobriété de la bichromie noire et orange date le combat de ces femmes, tout en le rendant complètement intemporel. Comme un signe d’espoir : même si tout semble perverti dans les rapports employeurs-employés, il est vital de continuer à se battre.
Le temps passé par l’auteur auprès de ces ouvrières devenus militantes et des comédiennes qui ont joué avec elles se cristallise dans l’émotion ressentie à la lecture de ce travail. Il est parvenu à installer la confiance nécessaire pour créer le lien et ouvrir la confidence. C’est en effet un des pouvoirs magiques de la BD.