C’était avant les Culottées. Pénélope Bagieu avait déjà ce don de planter un décor, saisir l’air du temps et brosser le portrait d’un personnage. Un récit à la fois drôle et sérieux, à l’image d’Ellen Cohen, la chanteuse de The Mamas and the Papas. De cette combinaison ajustée sortent pléthore d’émotions. California dreamin’, par sa force et son universalité, est une de mes BD favorites.
All the leaves are brown / And the sky is grey / I've been for a walk / On a winter's day / I'd be safe and warm / If I was in L.A. / California dreamin' / On such a winter's day… Derrière ce tube mythique signé The Mamas and the Papas, deux hommes et deux femmes, dont Cass Eliott, une chanteuse à la voix aussi extraordinaire que sa destinée est hors du commun. A l’orée des années 1960, Ellen Cohen, de son vrai nom, rêve de devenir chanteuse et prend son avenir en main en quittant sa ville natale, Baltimore, et la boutique de sa famille, juive, où il est prévu qu’elle devienne vendeuse de pastrami.
Dans la vieille Coccinelle familiale, elle part tenter sa chance dans la grande pomme. Elle devient Cass Elliot, garde son caractère bien trempé. Son poids ne l’empêche ni de se vêtir comme elle l’entend, ni de profiter de la vie. Cass a la force nécessaire pour déjouer les obstacles que lui tend l’industrie musicale, comme celui d’essayer de l’empêcher de chanter à cause de ses formes rondelettes.
C’est tout cela que raconte Pénélope Bagieu dans cette BD forte et universelle. Ce roman graphique exceptionnel, sorti en septembre 2015, m’avait été recommandé par Mylène, une amie libraire à Douarnenez (Finistère). « C’est ma BD préférée » : une parole qu’on n’entend pas tous les jours dans la bouche d’une libraire.
California dreamin’ a contaminé ma famille, comme les autres livres de Pénélope Bagieu. La chanson tourne inlassablement sur notre platine. En hommage à celle qui aurait pu devenir vendeuse de pastrami à Baltimore, et dont nous n’aurions probablement jamais croisé la route. La BD permet ce type de rencontres. Oui, California dreamin’, par sa force et son universalité, est une de mes BD favorites.
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