Le Noir Quart d’heure

Connaissez-vous le noir quart d’heure, ce moment où les mères de Mons, en Belgique, racontent des histoires à leurs enfants dans le noir en attendant le retour des papas ? Un instant privilégié retranscrit ici avec brio, tout autant que dans un dessin à couper le souffle.

Le noir quart d’heure, c’est ce moment suspendu, juste avant l’heure du coucher, où les mamans du Nord, du côté de Mons, racontent des histoires à leurs mômes. Un temps privilégié entre ces femmes de mineurs, d’ouvriers et leurs enfants. Avant que le papa rentre du boulot et dépose un baiser sur la tête de son petiot.

Qu’il est doux ce noir quart d’heure ! Que les enfants belges l’attendent avec impatience ! Carl Norac raconte ici avec candeur ce moment qui vient clore leur journée aux côtés de leur mère. Tapis dans l’obscurité, au chaud au fond de leur lit, ils ouvrent grand les oreilles et laissent vagabonder leur imagination. C’est doux, c’est chaud et raconté avec pudeur.

Des noirs, jaunes et oranges tout en nuances : c’est le parti pris graphique de ce succulent album. Il y a un côté Marjane Satrapi dans les chevelures des personnages, un trait très rêveur dans les représentations de la lune, du ciel, de ces moments entre chiens et loup.

Dire que cet album est l’une des grandes réussites jeunesse de ce printemps est un euphémisme. D’abord parce que le thème abordé est original. Ensuite dans la beauté du traitement scénaristique. Enfin, le trait et les couleurs d’Emmanuelle Eeckhout donnent un volume incroyable à un récit de haute voltige.