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Red Sun, révolte à l’ombre d’un soleil rouge

Red Sun s’ouvre au XXVIIe siècle, alors que l’humanité est réduite en esclavage... Mais un groupe rebelle semble s’être libéré du joug alien, groupe que Cass veut empêcher son frère Bord de rejoindre. Les auteurs, Stéphane Louis et Ale, nous ont raconté la naissance de cette toute première série des éditions Kamiti.

La rébellion comme moteur de l’action

Comment est né ce projet de BD ?

Stéphane Louis : Je voulais donner vie à l’idée de base de l’éditeur, Jean-Christophe Lambrois, qui tenait en quelques phrases : raconter l’histoire d’une humanité emprisonnée par une race alien et son envie de briser ses chaînes. Je me suis lancé dans cette expérience car cela m’intéressait de travailler avec un éditeur qui se lançait et a de bonnes valeurs professionnelles et humaines.

Pourquoi avoir choisi de situer l’action dans le système Trappist-1, qui existe vraiment ?

Stéphane Louis : Ce point de départ réel, concret, donne du sens à de la fiction, a fortiori à de la science-fiction ! Ce système m’a fasciné dès que je l'ai découvert aux informations car il comprend des planètes jumelles de la Terre…

Dès l’ouverture de l'album, les clefs de l’esclavage humain sont posées : un verrou génétique. Qu’est-ce qui a motivé cette piste ?

Stéphane Louis : Je voulais faire en sorte qu’une race puisse être contrainte sans présence de gardes. Sinon, vu le nombre de prisonniers, cela aurait été trop important à gérer. Cela me permettait également de poser d’emblée une supériorité scientifique des geôliers, faute d’avoir une supériorité militaire, comme on le verra…

Pour imaginer le futur servile de l’humanité, de quels faits historiques vous êtes-vous inspiré ?

Stéphane Louis : C’est un thème classique qu’on a tous en mémoire. Personnellement, c’était surtout lié aux camps de concentration et à l’esclavage.

Et les aliens sont nourris de nombreuses références aussi…

Ale : Pour l’univers en général, je suis nourrie de diverses inspirations, dont la majorité est issue de films de SF, de romans et surtout de jeux vidéo. Comme je suis passionnée par le jeu et l’expérience visuelle qu’il procure, et qu’en plus j’ai passé une bonne partie de mon adolescence à jouer à de nombreux jeux comme Mass Effect, cette esthétique m’a forcément beaucoup nourrie.

Pour créer les aliens, je me suis basée sur les croquis de Stéphane et pensais à des formes très organiques, m’inspirant aussi du travail de Hans Ruedi Giger [le créateur du design du monstre d’Alien N.D.L.R.] et du monde des insectes et des invertébrés…

Stéphane Louis : Au niveau dessin, mes influences japonaises et mon goût des exoarmure high tech’ ont joué. Si la référence d’Evangelion me vient en tête, c’est surtout la digestion d’influences diverses qui a donné naissance à Red Sun, plus que des renvois précis.

Au niveau des inspirations scénaristiques, on est plus proche de la Stratégie Ender, sans prétention, que de Star Wars. A ceci près que l’humanité n’est pas militarisée pour faire face aux extraterrestres... mais vous en saurez plus au deuxième tome.

En creux de l’action, on sent aussi une réflexion sur le terrorisme et ses moyens d’action… Est-ce important pour vous de donner un regard lointain sur l’actualité ?

Stéphane Louis : La guerre, c’est sale. Ça tue, et il n’y a pas de gentils. Il y a juste des gens moins méchants que d’autres. Mais pour notre liberté, il faut se salir les mains. Pas le choix. Le tout est de rester dans le cadre le plus moral possible. Ici, il n’y a pas de grand méchant, comme les terroristes… Les humains peuvent même risquer de tenir le mauvais rôle…

Entre immensité spatiale et frère et sœur…

La relation entre frère et sœur est au centre du récit, comment l’avez élaborée ?

Stéphane Louis : Ici, on a une fratrie dont les parents sont absents. L’ainée, Cass, endosse donc trois rôles : père, mère en essayant de rester sœur. Ca confine à l’obsession : protéger son frère, Bord. En quelque sorte, elle provoque son besoin d’émancipation et ce qu’elle craignait.

Ale : J’ai essayé de montrer qu’ils étaient liés tout en soulignant leurs différences : Cass est quelqu’un de passionnée alors que Bord est souvent plus maladroit. Ce sont ces caractéristiques du scénario que j’ai essayé de faire ressortir dans le dessin.

Dans le making-of, on remarque que vous effectuez un découpage « gribouillé », Stéphane…

Stéphane Louis : Un scénariste qui n’est pas aussi dessinateur décrit. Moi je perdrais du temps : je vais plus vite à « montrer » ce que j’ai en tête. Au dessinateur de se l’approprier !

Le vaisseau et la cache des rebelles font la part belle aux structures mécanisées, comment les avez-vous imaginées ?

Stéphane Louis : Je me suis inspiré d’un champ minier, des plateformes pétrolières. Quelque chose d’existant, que le lecteur pourrait assimiler rapidement, comme crédible. Alessandra a fait un excellent travail pour rendre ces endroits et cette proximité claustrophobique.

A ces vaisseaux très froids répondent des couleurs très chaudes pour un récit se déroulant dans l’espace…

Ale : Nous avons beaucoup discuté avec Jean-Christophe et Stéphane sur les choix de palette à faire pour donner l’idée de cet ailleurs spatial. Le système dans lequel se déroule l’histoire est en orbite autour d’une étoile rouge, un soleil rouge, donc toutes les scènes en extérieur ont des dominantes rouges. Elles contrastent donc fortement avec les intérieures aux teintes froides et aseptisées. Pour les aliens, spécialement pour leur première apparition, je voulais les caractérisés par des couleurs contrastées, afin de donner tout la mesure de la menace et de la désorientation qu’ils impliquent…

Sur la couverture, vous annoncez tome ½ : est-ce que Red Sun est conçue comme une série courte ?

Stéphane Louis : Il y aura bien des albums au-delà des deux premiers. Disons que le premier diptyque est un peu comme une première saison et qu’il raconte l’histoire de Cass…


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