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Le Hasard = (Maths - Philo) X BD

Le hasard se prévoit-il ? Telle l’une des grandes questions auxquelles répond Ivar Ekeland dans Le Hasard, aidé du trait humoristique d’Etienne Lécroart. Le dessinateur nous révèle les mesures à prendre pour réussir une première bande dessinée de mathématiques dans la Petite Bédéthéque des Savoirs.

De la science à la portée de tous

C’est votre première collaboration avec le mathématicien Ivar Ekeland. Comment est-elle née ?

Etienne Lécroart : Ivar m’a été présenté par David Vandermeulen, l’un de deux co-responsables de la Petite Bédéthèque des Savoirs. Lors d’une rencontre au festival d’Angoulême, ce dernier m’a parlé de la collection et je lui ai proposé de faire une BD sur les sciences dures. Il se trouvait qu’ils cherchaient à ce moment-là un dessinateur pour illustrer Le Hasard !

Extrait de Le Hasard page 27

Avec Ivar, comment avez-vous orchestré la construction de la BD ?

Le livre s’est composé assez rapidement vu qu’Ivar avait déjà l’idée du scénario en tête. Pour ma part, je n’avais « qu’à » réfléchir à la façon de le mettre en image. Ce qui n’a pas empêché les changements et les coupures : on a dû sauter des passages, en raison des dimensions de la BD. Agencer les cases en fonction d’un format aussi court n’a pas été évident.


Qu’est-ce qui vous a incité à vous lancer dans ce projet ?

J’adore les BD parlant de mathématiques comme Logicomix, Les Rêveurs Lunaires ou la revue Rhinocéros contre Eléphant. Seulement la plupart ne traitait cette discipline qu’à travers sa dimension historique, à vrai dire la plus facile. Je trouvais intéressant d’essayer, avec des mots et des images, d’expliquer les grandes théories mathématiques, tout en rendant le contenu digeste pour le lecteur.

Extrait de Contes et décomptes

J’avais déjà tenté la chose avec l’Association, chez qui j’ai publié Contes et décomptes, où chaque histoire est dessinée d’après des structures mathématiques : les décomptes, les comptages de traits, le dessin infini, le théorème des quatre couleurs... J’aime bien jouer avec cette discipline, ça nourrit mon travail de dessinateur.

Prendre part à ce projet n’est-il pas un moyen de prouver le potentiel de la bande dessinée dans la vulgarisation des savoirs ?

On est actuellement à un tournant de l’histoire de la bande dessinée, où les auteurs osent tâter des terrains qu’ils n’ont jamais approchés comme la philosophie, la poésie. La BD est un médium doté d’une richesse suffisamment grande pour parler de sujets abstraits. Je suis très content de participer à la Petite Bédéthèque des savoirs, parce qu’à mes yeux on devrait pouvoir parler de tout avec la bande dessinée, que ce soit du heavy metal, des requins ou de l’intelligence artificielle. Et collaborer avec Ivar sur Le Hasard était l’occasion de pousser l’expérience plus loin.

Extrait de Le Hasard page 45

En étudiant le hasard par le prisme des mathématiques, on réalise que la notion du hasard est partout, en science comme dans la vie quotidienne... Y avait-t-il une cible de lecteurs que vous visiez avec ce constat ?

La question m’a traversé l’esprit quand je travaillais sur cet album dans le train. Une passagère regardait que je faisais et m’a fait remarquer que cette BD pouvait réellement intéresser les professeurs de maths. Et j’ai réalisé qu’en passant par eux, il y avait sûrement moyen d’atteindre des jeunes et gagner leur engouement pour les mathématiques.

Cependant je ne pense pouvoir prédire qui lira la BD. Elle peut attirer des lycéens, comme elle peut attirer des chercheurs en mathématiques ! La notion de hasard fait appel à d’autres domaines du savoir tels que la politique ou la philosophie, ce qui, j'imagine, peut interpeller la curiosité d’un lectorat assez vaste.Extrait de Le Hasard page 16

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