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Romain Renard, fondateur de l’intrigante Melvile

Quand le transmédia dévoile toutes ses possibilités

Comment est né le projet d’une série transmedia ?

Je me considère avant tout comme un narrateur plutôt qu’un auteur de bande dessinée. J’utilise la BD, la musique et la vidéo pour raconter des histoires. J’ai voulu interroger le médium et voir ce qu’il peut apporter, utiliser sa spécificité. À l’heure actuelle, on passe d’une tablette à un écran de télévision à un journal papier en une journée, quand on raconte une histoire c’est la même chose. Pourquoi rester cloisonné dans un seul médium ?

Romain Renard en concert

Vous avez créé une bande-son qui accompagne la lecture de l’album…

Dès le départ quand j’ai présenté le projet au Lombard, j’ai voulu intégrer la musique parce que j’en ai toujours fait. C’est un véritable complément : elle a été composée en regard des planches. Il y a des thèmes musicaux qui accompagnent certains personnages. Les chasseurs par exemple ont un thème musical qui n’apparait qu’en leur présence ou quand on les devine hors-champ. Je raconte une histoire en plus avec la musique.

La musique qui accompagne la scène où Saul regarde les étoiles plonge le lecteur dans une ambiance très particulière…

Saul est un amoureux, un poète. J’ai beaucoup de tendresse pour lui. On ne peut qu’être humble en regardant les étoiles. Quand on lève les yeux vers le ciel, la nuit, on fait un voyage d’un million d’années. On remonte le temps à chaque fois, on voit des mondes que l’on n’a pas connus et que nous ne verrons jamais : jamais on ne pourra sortir du système solaire. On ne peut qu’inventer le reste et l’Homme fait ça depuis la nuit des temps. Encore maintenant, on est toujours des orphelins d’un monde que l’on n’a pas connu et on s’interroge, on s’invente des histoires. Finalement je ne pense pas que nous soyons différents de nos aïeux dans les cavernes : on se raconte tous des histoires.

Parlez-nous des Chroniques de Melvile

Dans ce médium numérique, on a un puzzle avec plein de petites histoires qui forment un kaléidoscope de récits racontant l’âme d’un territoire. C’est Vincent Londez, un très grand comédien français, qui fait la narration. Il a fait un travail extraordinaire. L’histoire de la rue Tréjean c’est 142 mètres de dessin mis bout à bout et pour chaque personnage, il y a un récit.

Chacun d’entre nous peut habiter à Melvile. Si vous vous baladez dans les rues, vous allez trouver une maison à vendre et le prix d’achat est relativement abordable vu que c’est une bonne histoire. Si votre histoire est retenue par mon éditeur, vous envoyez votre photo et je vous dessinerai dans votre maison. C’est une application qui va être évolutive. Pour l’instant la population est de 478 habitants mais j’espère qu’elle en fera mille d’ici deux ou trois ans. Quand je laisserai la trilogie derrière moi, j’espère que la ville continuera à vivre. Le fait de raconter quelque chose la fait exister.

Parlez-nous du concert que vous avez créé en parallèle à ces chroniques…

Pendant des années, j’ai chanté en français. Pour ce projet, je ne pouvais pas car il y avait vraiment le risque que ça devienne la comédie musicale Melvile. Je ne me voyais pas chanter « attention il y a des chasseurs dans les bois » alors qu’en anglais ça passe très bien ! Ces chansons sont les résonances des histoires.

Quelles sont vos influences ?

On ne fait que retranscrire ce qui nous a nourri. Pour moi, c’était Nick Cave, le Gun Club, Sixty-Nine Power, Tom Waits, Wovenhand, Noir Désir. Que des gens joyeux finalement !

Pensez-vous pouvoir revenir à une bande dessinée classique ?

La forme d’un projet s’impose par ce que l’on raconte. Peut-être qu’un jour, je ferai un western et qu’il aura besoin d’autre chose. Je ne sais pas…

Parlez-nous du troisième tome de Melvile

Si vous vous baladez dans les rues de Melvile vous allez avoir pas mal d’indices sur ce qui va arriver dans ce prochain tome…

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