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Romain Renard, fondateur de l’intrigante Melvile

Melvile est un projet ambitieux qui ne pouvait rester cantonné à la bande dessinée. Avec son imagination et sa créativité débordante, Romain Renard en a fait une œuvre transmédia et s’approprie aussi bien la musique que la vidéo pour développer un univers bien à lui. Bien plus qu’un concept, c’est une ville qu’il fait exister grâce à ses histoires. Il revient sur la création de cet OVNI qui plonge le lecteur au cœur d’un univers à l’étrange atmosphère.

Melvile, une ville à l’ambiance particulière

Comment êtes-vous venu à la BD ?

Romain Renard : J’ai baigné dans cet univers car mon père est assez reconnu dans le métier... mais à l’adolescence on n’a pas vraiment envie de suivre les mêmes traces. Je voulais rentrer dans une école de cinéma. Un ami m’a dit que je n’avais pas assez de maturité et que je devrais essayer autre chose avant. J’ai donc fais un an de bande dessinée à Saint Luc à Bruxelles. Le déclic pour la narration dessinée m’est venu pendant mes études. À la sortie de l’école, je n’ai pas trouvé d’éditeur donc j’ai travaillé pour le cinéma en tant que story-boarder puis je suis passé aux jeux vidéo et j’ai travaillé dans le spectacle avec l’un des fondateurs du Cirque du soleil. Enfin après une dizaine d’années de chemins de traverse, j’ai proposé mon premier livre de bande dessinée à Casterman.


Comment vous est venue l’idée de Melvile ?

Au début, le scénario reprenait tous les personnages des trois livres dans une histoire complète mais très longue. J’ai donc revu le scénario en le découpant en plusieurs chapitres. Tous les personnages vivent et survivent en même temps : ce sont donc des histoires parallèles complètes. Il n’y a pas besoin de lire le premier tome pour lire le deuxième et inversement.

Quels sont les endroits qui vous ont inspiré pour créer cette ville ?

Une partie de ma famille habite aux Etats-Unis donc je connais très bien ce pays. J’ai voyagé dans le nord de la Californie à la frontière de l’Oregon où les paysages sont extraordinaires. C’est aussi inspiré des Laurentides au Canada. La nature a un rôle primordial dans cette série.

Elle est essentielle. J’essaye de faire en sorte que mes personnages évoluent dans un endroit qui a déjà existé avant eux et pour cela il faut bien connaître la nature pour inventer son histoire. Je reste persuadé que nous, humains, nous ne sommes qu’une parenthèse : la planète continuera à vivre sans nous. J’essaie de remettre l’humain là où il est : il n’est pas au centre, il n’est qu’une minuscule part, une anecdote de la nature.

Vos personnages principaux sont confrontés à leurs démons intérieurs. C’est quelque chose que vous aimez retranscrire ?

Là où il y a une faille, il y a une histoire. Je ne pense pas avoir le talent de raconter une bonne histoire avec quelqu’un qui va très bien. J’ai besoin de cicatrices pour pouvoir plonger ma main de dessinateur dedans et raconter ça. Je travaille très longtemps à l’avance sur mes personnages, j’écris des pages entières sur leur histoire, sur la manière dont ils pensent. Leur discours intérieur n’est pas inscrit textuellement dans la BD mais j’essaie de le retranscrire dans leurs attitudes.


Dans ce deuxième tome, l’angoisse est à son comble. Quelles sont les éléments utilisés pour faire monter la tension ?

Le cadrage. Dans l’exercice de l’écriture, le découpage du story-board est l’étape essentielle. Tout le livre est déjà écrit en brouillon avant même de commencer la première planche. Je travaille toujours en double-page : le seul moyen de surprendre le lecteur, c’est quand il tourne la page. C’est ça de questionner le médium de la bande dessinée.

Comment travaillez-vous votre dessin qui donne presque une impression de vieille photo argentique ?

Je dessine essentiellement au fusain et aux feutres. J’ai d’abord une page totalement flou, ce qui donne peut-être cet aspect photographique. Le détail vient petit à petit avec le fusain, qui va amener du réalisme dans ce côté flou.


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