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« Je ne comprends pas le fanatisme religieux »

Depuis des années, Willem caricature à tour de bras dans Charlie Hebdo et Libération. Quelques mois après l’attentat du 7 janvier qui a endeuillé la rédaction la plus impertinente de France, Willem revient avec un recueil de ses dessins des derniers mois. Un album sans concessions et, enfin, sans Sarkozy.

Quelle a été la genèse de ce recueil ?

Willem : Il vient d’abord de ma colère face à l’actualité de manière générale. Mais surtout, de ma colère après les attentats de janvier. Je ne comprends pas le fanatisme religieux, ça me dépasse. Je ne comprendrais jamais pourquoi on peut en vouloir à la vie d’individus parce qu’on les qualifie de soi-disant infidèles.

Comment avez-vous fait le choix des dessins compilés dans cet album ?

J’ai d’abord pris les dessins avec le moins de texte ! Les caricatures qui tapent directement sur leur cible, les plus directes. Beaucoup de mes collègues qui aiment faire parler le dessin avec le texte, pas moi. Je préfère le dessin seul, qui s’exprime de lui-même.

Pourquoi avoir fait le choix de publier ce livre aux éditions des Requins Marteaux?

Ça fait 15 ans que je les connais, en gros depuis qu’ils ont commencé ! Et on a vite sympathisé, donc…

Comment avez-vous fait le choix des thèmes abordés dans ce livre ?

J’ai fait les chapitres pour rythmer le livre, pour le rendre plus lisible, qu’on ne s’y perde pas. Je voulais aussi faire, enfin, un livre sans Sarkozy !

Vous abordez dans le premier chapitre les migrations clandestines depuis l’Afrique...

Je pense que cette situation ne fera que s’aggraver. Quand une bande de gangsters prend le pouvoir dans un pays, on ne peut que s’attendre à plus de départs. Et c’est ce qui arrive en Libye… Pourtant, je ne crois pas non plus à la solution militaire. Cela ne ferait que nous ramener dans un cycle de guerres sans fin. Qu’aggraver la merde. Mais je pense que dans un premier temps, il faut repenser la surveillance des côtes et s’intéresser enfin aux victimes.

Quels changements avez-vous perçus depuis l’attentat du 7 janvier ?

Des changements très négatifs. Que ce soit les attentats contre des mosquées, les dégradations et les tensions. Je ne pense pas que l’on se dirige vers un avenir très rose.

Un Beau métier...

Un Beau métier...

Qu’est ce qui vous intéresse toujours dans l’actualité ?

Ça me rappelle en permanence qu’il faut riposter. Que la liberté et la démocratie sont importantes. Et rester ferme sur ces principes.

Pensez-vous que votre travail de dessinateur de presse soit un contrepoint à l’atmosphère médiatique générale ?

J’espère. Mais j’espère aussi que la presse papier, une partie du moins, va continuer à écrire des articles de qualité, va arrêter de se perdre elle-même. Garder son rôle par rapport à internet dans la vérification de l’information.

De manière générale, je reste très attaché au format de la presse papier, ne serait-ce que pour les dessins ! On en est toujours plus proche que sur un écran.

En 2013, vous avez remporté le Grand Prix d’Angoulême, quel est votre rapport à la BD aujourd’hui ?

Je ne viens pas de la BD disons « établie ». Je viens de la littérature de laboratoire. Pour moi, la BD c’est d’abord un grand terrain d'expérimentation. Mais c’est aussi un art que l’on doit prendre plaisir à pratiquer : c’est pour les passionnés !

Qu’aviez-vous pensé de la remise du Grand Prix ?

Pour moi, ça ne compte pas. Pour moi, la reconnaissance de mon travail vient des collègues, pas d’un prix.

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