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Cloches, passion et Histoire

Une belle saga, innovante et singulière commence avec le destin de deux fondeurs de cloches à la veille de la Révolution. Les Maîtres-Saintiers, nom de cette profession rare, est signé par Laurent-Frédéric Bolée, journaliste et scénariste. Il a mélangé cloches, drame, passion et trahison, le tout sur fond de grande histoire. Un joli souffle dans cette ambiance à la Jacquou le Croquant. Serge Fino y apporte un réalisme sans excès avec un dessin riche et précis. Une interview en chassé-croisé avec les auteurs.

Qu’est ce qui vous a poussé sur le chemin des fondeurs de cloches, Laurent-Frédéric Bollée ?

Laurent-Frédéric Bollée : L’envie d’écrire une saga familiale, un genre en lui-même. La thématique est globale, classique mais il y avait aussi l’idée de déchirure entre deux frères. Le meilleur exemple du genre, à mes yeux, ce sont Les Maîtres de l’Orge de Van Hamme. Il fallait trouver un métier qui permettait d’aller au coeur des relations familiales comme chez Van Hamme.

Oui, mais pourquoi les cloches ?

Laurent-Frédéric : Je n’avais pas eu le réflexe de regarder autour de moi. C’est mon père qui m’a soufflé l’idée. Nous avons deux branches dans la famille, dont une de Bollée fondeurs de cloches. A la base, ça me semblait trop évident et ça me gênait de mélanger scénario et vie privée. Mais finalement, j’avais tous les ingrédients sous la main.

Les cloches ont toujours joué un rôle important dans la vie française.

Laurent-Frédéric  : Oui, du tocsin de la Grande Guerre aux glas des enterrements. Mais les cloches ont surtout rythmé la vie des campagnes françaises. Mes ancêtres étaient des fondeurs de cloches ambulants. On a un relevé de 1837. Les Bollée traversaient les campagnes pour des contrats locaux avant de finir par s’installer définitivement dans une ville.

Votre saga commence la veille de la Révolution en 1788.

Laurent-Frédéric : Pour deux raisons. La Révolution donne vie à un nouveau régime social et une remise en question du pouvoir religieux. Mais la Révolution n’a pas touché aux cloches et les maîtres saintiers ont continué à travailler. Et surtout, il me fallait un point de départ précis pour arriver, dans les prochains albums, jusqu’à aujourd‘hui. Dans les sept tomes au total, on va avancer par tranches de 20 à 30 ans.

Vos héros sont des frères jumeaux, fondeurs de cloches, mais très dissemblables…

Laurent-Frédéric  : Ils sont très unis au départ mais un secret caché, gravé sur les cloches va être la cause de leur conflit. Ce mystère qui concerne la Vierge sera le fil rouge de la série.

Aux deux jumeaux vous avez ajouté une jeune femme, Rosalie, fille du baron local en avance sur son temps.

Laurent-Frédéric  : C’était nécessaire pour l’intrigue. Sans rien dévoiler, Rosalie est amoureuse de l’un des jumeaux. On retrouvera le couple dans le deuxième tome qui confirme l’effet de saga humaine. C’était amusant de revenir sur un passé familial. Le mystère lié à la Vierge Marie ajoute à l’action.

Serge Fino : C’est ce qui m’a plu. On travaille sur plusieurs niveaux.

Pour le dessin, Serge Fino, comment avez-vous appréhendé votre travail sur cette série ?

Serge  : On s’était promis de travailler ensemble avec Laurent-Frédéric Bollée. Et puis, j’avais plusieurs raisons de dire oui. Grâce à Chasseurs d’Écume, la saga je connais. Le contexte était très différent des Chasseurs d’Écume, socialement et politiquement, ce qui m’a aussi séduit. J’adore aussi faire évoluer les personnages, ce qui est facile avec une saga sur deux siècles, un joli défi. Il faut rechercher la doc, bien s’imprégner des personnages, les faire vieillir. Dans notre métier, un artiste est vraiment un artisan qui travaille toute sa vie sur un même produit en ne cessant de l’améliorer.

Après la Révolution, où vont aller les Maîtres Saintiers ?

Laurent-Frédéric : Sous l’Empire ! Je me sers du contexte pour faire évoluer les intrigues et découvrir ce métier de fondeur. Mais pour revenir à Serge Fino, jamais personne d’autre n’a été prévu au dessin.

Serge : Je n’étais pas disponible au départ du projet. J’avais mis une option et le projet que je devais faire a capoté. Donc j’ai pu suivre le chemin des Maîtres Saintiers.

Comment travaillez-vous chacun dans votre spécialité ?

Laurent-Frédéric : Chaque été, j’écris le tome de l’année suivante et je livre l’album à Serge totalement découpé. En août prochain, j’écrirai le troisième tome.

Serge : Je fais deux séries chez le même éditeur. Je suis un peu sur la corde raide. Le planning est serré, il y a un an entre chaque album et je travaille de façon classique à la main sur format A3 !

Laurent-Frédéric : On n’échange pas vraiment avec Serge ou sur quelques points de détails. Je sais exactement où je vais pour les trois premiers tomes. À partir du quatrième, je suis moins précis. Les deux premiers forment en fait un diptyque. Mais, soyez rassurés : je sais comment se termine ma saga !

Et après les cloches ?

Laurent-Frédéric  : Je vais me tourner vers les assassins célèbres, qui auront des dialogues posthumes : Charlotte Corday pour Marat, le meurtrier de Lennon aussi ainsi que Caïn et Abel.

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