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Naoki Urasawa, monstre sacré du thriller

Né en 1960, Naoki Urasawa, ne s’imaginait pas vivre de son dessin jusqu’à ce qu’il soit sélectionné à un concours de Nouveaux Talents. Ce prix lancera sa carrière et le succès critique et public qui l’accompagne depuis bientôt 35 ans. Petit tour de l’œuvre titanesque de ce maître du polar, propulsé sur le devant de la scène grâce à des comédies sportives !

Naoki Urasawa, résumant sa carrière en un dessin

Naoki Urasawa, résumant sa carrière en un dessin © Kana

Urasawa, prodige modeste

Couverture du seul tome de Pineapple Army paru en France

Couverture du seul tome de
Pineapple Army paru en France

Si les marges de ses cahiers d’écolier sont déjà noires de dessin, Naoki Urasawa cache son talent en imitant le trait plus gauche de ses camarades au primaire. Il cultive néanmoins son don pour l'illustration en grandissant quand il ne joue pas de la musique, sa deuxième passion. De ces deux arts, il ne pense pas un seul instant faire son métier : si une série de hasards ne l'avait pas poussé à se présenter au concours des Nouveaux Talents des éditions Shogakukan, il n'aurait pas opté pour la vie de mangaka. Encouragé par sa victoire, le jeune homme ose se lancer en tant qu’auteur. Après avoir dessiné quelques histoires courtes et le drôle de manga d’action Pineapple Army, il croise la route du succès en solo, avec sa série Yawara ! (inédite en France).

Cette comédie sportive s’attache à Yawara que son grand-père entraîne depuis toujours pour les J.O. alors qu’elle ne rêve que d’une chose : avoir la vie d’une adolescente banale. Auréolée d’un nouveau prix Shogakukan, cette série suscite un véritable engouement au Japon. Plus de 30 millions d’exemplaires y seront écoulés, ce qui n’empêchera pas l’auteur de conclure son récit en 1993, avant de rempiler pour une autre série sportive Happy ! poussé par son éditeur. Si l’héroïne de Happy ! pratique le tennis à haut niveau tout en devant rembourser des yakuzas, le récit d’Urasawa sort du cadre de l’innocente comédie thématique, mettant le sport au second plan par rapport aux relations humaines dans ce qu’elles ont de complexe. En parallèle, il lance sur Master Keaton, un polar co-écrit par Hokusei Katsushika et Takashi Nagasaki. Il récidivera bientôt avec ce dernier, créant plusieurs thrillers captivants.

Le thriller hybride comme marque de fabrique

Couverture de l'édition française de 20th Century Boys

Si le thriller et d’autant plus le polar ont leurs codes, le duo Nagasaki/Urasawa rodent rapidement leur technique pour les braquer. Après Master Keaton, série d’enquêtes indépendantes mâtinées de voyages et d'aventure, ils se lanceront dans des casses au long cours. Que ce soit Monster, qui joue des traques en cascade dans une Allemagne qui panse ses plaies nazies ou 20th Century Boys, où une secte terroriste suit le plan d’apocalypse élaboré par des enfants 30 ans plus tôt, chaque œuvre suit une intrigue complexe, entre passé et présent, sans perdre les lecteurs.

Tenant un rythme dément, avec quasiment toujours deux séries en cours depuis ses débuts, Naoki Urasawa embarque Takashi Nagasaki dans un défi encore plus fou : réécrire une œuvre du Dieu du manga, Osamu Tezuka. Ils se saisissent des robots de la série culte Astro Boy pour les propulser dans un thriller de science-fiction haletant : Pluto. Le public suivra en nombre mais en 2006, Naoki Urasawa devra ralentir son rythme de production, blessé au bras par des années de travail acharné et ininterrompu. Une fois rétabli, Urasawa ne ralentit que progressivement : il terminera Pluto, donnera naissance à la suite de 20th Century Boys avant de se lancer dans ce qui pourrait être le thriller le plus ambitieux de sa carrière : Billy Bat. Toujours avec Nagasaki, il lance un dessinateur de comics sur les traces de son personnage, un enquêteur chauve-souris : Billy Bat. Et son enquête en 20 volumes traverse lieux et époques, partant de l’après-guerre mais aussi du rapport que l’on entretient à la bande dessinée.

Extrait de la page 4 du volume 1 de Billy Bat

Extrait de la page 4 du volume 1 de Billy Bat
© 2009 NAOKI URASAWA / Studio Nuts, TAKASHI NAGASAKI

Après ce nouveau coup de maître et une reconnaissance qui dépasse largement les frontières du Japon, Naoki Urasawa ne compte pas prendre sa retraite : il travaille sur une nouvelle série autour du Louvre, encore inédite en France, et donne des cours d'arts plastiques à l'université. Il viendra aussi à la rencontre de son public français durant le prochain festival d’Angoulême, qui lui dédie une exposition et deux rencontres.

Pour un portrait complet de l'auteur et de son oeuvre, nous vous conseillons le livre Naoki Urasawa, l'air du temps.

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