Unlucky Young Men - T1

Norio Nagayama quitte son foyer pour vivre son rêve américain. Finalement il ne sort pas du Japon et troque son envie de caméra contre un revolver. Il finit par rencontrer Takeshi, deux Yoko et les autres qui l’embarquent dans un quotidien entre meurtre, violence et hold-up. Cette œuvre magnifique autour d’une jeunesse désabusée, assoiffée de liberté, croise chronique sociale et polar.

© Kamui FUJIWARA, OTSUKA Eiji

Jimusyo 2007/KADOKAWA CORPORATION

En 1968 au Japon, l’ambiance est explosive. Des étudiants font face au pouvoir établi, avec un seul mot à la bouche : Révolution. Cet affrontement sert de fil rouge au récit, attaché à cinq jeunes : Takeshi, Norio, Kaoru et deux Yoko. Plus ou moins en retrait par rapport au tumulte général, ils cherchent leur place quasiment avec lassitude.

Cette jeunesse désenchantée compte se donner les moyens de réaliser ses rêves par la violence. Sur fonts d’émeutes, se dessinent aussi les cicatrices laissées par la Seconde Guerre mondiale. L’atmosphère sociale magnifiquement mise en place permet au lecteur de se faire embarquer dans un polar où hold-up et meurtres se répondent. Le scénario grandiose d’Eiji Ôtsuka mêle fiction et célébrités japonaises réelles. Pour couronner le tout, les vers de Takuboku Ishikawa, surnommé « le poète de la tristesse », habillent les séquences, accentuant la mélancolie de tous.

Le dessin de Kamui Fujiwara est simplement grandiose. Sa maîtrise du détail est telle qu’elle n’étouffe jamais une case sous leur prolifération. La mise en scène précise des protagonistes et de leurs expressions permet une compréhension immédiate de leur état d’esprit. Story-boardé avec des prises de vue réelles, la mise en cases a un rythme parfait : l’équilibre entre accélération et langueur est parfait.

Ce premier volume du diptyque Unlucky Young Men est un coup de maître à l’écrin parfait d’une édition grand format. Un manga-roman à découvrir de toute urgence !