Quand Shoya, l’électron libre de la classe, rencontre Shoko, malentendante, ça fait mal. Il va tester sur elles toutes sortes de vacheries que font les gamins. L’histoire de ces deux enfances terribles permet à ce manga de parler de handicap et d’exclusion sans verser dans le cliché. Un premier tome dur et impressionnant de justesse.
Shoya, casse-cou indécrottable, cherche sans cesse de nouvelles bêtises à tester afin de retenir l’attention de ses camarades. Pour faire le pitre en classe, il trouve rapidement son sujet préféré : faire des expériences sur Shoko, la nouvelle arrivée. Malentendante, elle s’excuse à chaque fois que l’on embête, ce qui, aux yeux de Shoya le bagarreur, ne fait qu’aggraver les choses. L’escalade de l’exclusion quotidienne ne fait que commencer...
La couverture aux couleurs chaudes et le dessin très doux des personnages ne doivent pas cacher à quel point ce manga concilie violente justesse et traitement sans fard du handicap. Sans tomber dans le misérabilisme, A Silent Voice souligne la cruauté qui peut émaner d’une classe. La moquerie qui s’abat sur la trop gentille Shoko est mise en regard avec l’exclusion qui touche Shoya, leader exposé à la solitude.
Pas de grands discours sur le handicap, mais des exemples qui parlent : des camarades qui se moquent d’une prononciation approximative, le refus d’apprendre la langue des signes, car « c’est aux handicapés de faire des efforts et non l’inverse », la perception d’une différence comme d’une charge... Le dessin appuie ces réactions épidermiques par la mise en avant des visages expressifs. Si quelques paysages sont intégrés à ce premier opus, ils ne sont là que pour souligner l’isolement des deux héros.
Alors que ce volume se clôt sur un bond des années plus tard, on attend avec impatience le développement de cette voix silencieuse déjà très prometteuse !
0 0