Petit Canard blanc

Grandir dans la Chine des années 1970 n’a pas été de tout repos. Huit courtes histoires au graphisme époustouflant retracent l’enfance de deux sœurs dans ce pays qui commençait juste à s’ouvrir au monde. Le trait réaliste est assorti d’une fine mise en couleur. Cet album en dehors des sentiers battus gagne à être lu.

Deux sœurs, Da Qin et Xiao Qin, vivent à Wuhan avec leurs parents dans la Chine des années 1970. Ce pays, jusqu’alors coupé du reste du monde, va voir de nouveaux horizons se dégager à la mort de son « président » Mao. Les deux fillettes grandissent dans cette période pleine de transformations et de mouvements et la BD avance comme une sorte de journal intime découpé en huit tranches de vie.

Ces huit petites histoires sont tirées des souvenirs personnels de l’auteur. Na Liu a vécu cette période de gros changements dans son pays en même temps que dans sa vie et ça se sent : il y a du vrai, de l’authentique qui se dégage à la lecture de ce très beau roman graphique. Une sorte de guide de voyage un peu historique dans lequel le lecteur est bien entouré pour avancer dans les petites histoires.

Petit Canard blanc est vraiment une histoire de famille puisque le talentueux dessinateur Andrés Vera Martinez est le compagnon de la scénariste. Un regard extérieur sur l’enfance de Na Liu apporte à son coup de crayon toute la crédibilité du recul, la précision de l’observateur. Le papier très épais et de qualité donne un plus au dessin qu’on croit voir apparaître dans certaines pages à la manière d’une estampe.

Les tranches de vie de ces deux sœurs chinoises s’avalent comme une bouchée de pain. La force des histoires trouve un bel écho dans un dessin qui sait mêler, dans de très bonnes proportions, réalisme, tradition et approche contemporaine. Brillant.