Deux platines, des bons disques et la volonté de faire bouger les lignes du hip-hop, culture de la rue. Le street art a sa bande son et Ed Piskor l’a bien compris. Il raconte tout cela et bien plus encore, dans ce premier tome d’une saga qui s’annonce époustouflante. Dans le récit comme le dessin.
Années 70. Le hip-hop fait ses premiers pas de danse et son premier tour de chant aux Etats-Unis. Cette musique de rue investit les clubs et la rivalité entre les différents groupes est de mise. Des légendes naissent. Elles se nomment Afrika Bambaataa, Grandmaster Flash, Kurtis Blow, le Sugarhill Gang... Ils vont bientôt entraîner dans leur sillon Run-DMC ou les jeunes punks-rappeurs Beastie Boys... L’histoire s’écrit.
Dans la première branche de cet arbre de famille, enfin traduite en français depuis sa parution en 2013 aux Etats-Unis, Ed Piskor donne à voir le meilleur des prémices de cette musique noire américaine. A travers les premiers pas de ces groupes bientôt mythiques, on entrevoit aussi leurs influences. L’arrivée de Blondie, les balbutiements du disco, le regard attentif de James Brown...
Grand format, papier vintage jauni façon kraft et couleurs vieillies : ce premier tome est un bonheur graphique. Ce qui apparaît au premier coup d’œil comme un détail est loin d’être anodin : le dessin se fait flou lorsque les vibrations sonores envahissent la case. Quand les musiciens sont dans la place, Ed Piskor tient un procédé graphique de première frappe pour sonoriser l’histoire. Incroyable d’efficacité.
Les jeunes pousses de la Hip Hop Family Tree ont bien pris en terre grâce au sérieux travail scénaristique et pictural de leur jardinier. On sent chez lui une véritable envie de faire sortir ses connaissances en béton sur une musique du bitume. Papa Guédé a eu du nez en publiant cette saga pour la première fois en France.