La Présidente, 120 000 exemplaires vendus depuis novembre 2015, méritait-elle une suite ? Oui. Pour dresser le bilan désastreux des années Marine Le Pen. Sa nièce entre scène, pour le pire. De ce sujet délicat, François Durpaire et Farid Boudjellal livre un deuxième tome sans concession. Merci, est le premier mot qu’on veut leur dire après lecture.
Ce qui devait arriver arriva. Le 7 mai 2017, la conjoncture politique et le contexte social ont porté Marine Le Pen à la Présidence de la République. Cinq ans de mandat plus tard, qu’en reste-t-il ? Des miettes. La lie, le fond de la cuvette. Les libertés ont été bafouées, les prisons dégueulent d’innocents. Tout le monde est fiché, mais tout le monde s’en fiche. Mais son principal opposant, la voie de la mixité, a toutes les peines du monde à se faire entendre.
Si le premier volume racontait l’accession au pouvoir de celle qui a donné au Front national un visage humain sans en changer les idées nauséabondes, une suite s’imposait pour récolter les cendres. Ce récit d’anticipation civique, un genre nouveau, est toujours aussi sérieuse et réussie. Et d’autant plus ébranlante avec l’entrée en piste de Marion Maréchal-Le Pen... À vomir.
Le dessin de Farid Boudjellal est aussi ouvert et conscient que la politique du FN fermée et totalitaire. La France s’est enfoncée dans une politique irrespirable, conduite par des gens dont on attend plus qu’une chose : l’exil. Qu’ils deviennent, à leur tour, les migrants qu’ils ont martyrisés. Noir et blanc ajusté, dégradés de gris et cases explosives dans des pages éclatées : Boudjellal donne le meilleur depuis qu’il tient un crayon.
Le régime est devenu totalitaire. Comment pouvait-il en être autrement ? Une BD à lire et faire lire, par intérêt ou pour ouvrir les yeux. Sans chercher à convaincre. Mais on ne pourra pas dire qu’on ne savait pas...