Entre les orgies organisées par sa famille d’adoption, les Montpessus, et l’univers de la Perle Pourpre, le lupanar « haute gamme » où elle a été vendue, la jeune Chimère a très vite appris à se défendre, quitte à prendre les devants. Fille de Gisèle, la tenancière du lieu, Chimère obtient le statut d’associée aux activités lucratives de la maison. Embarquons sans crainte dans cet avant-dernier épisode d’une série menée sans le moindre temps mort depuis le tout premier tome.
Entre les problèmes de paternité, l’affaire de chantage d’un banquier américain visant à dessaisir l’ingénieur Ferdinand de Lesseps du chantier de construction du canal de Panama, le scénario de Christophe Pelinq, alias Arleston, et Melanÿn progresse tambour battant. Il se dirige vers un dénouement qui risque encore de nous surprendre à l’image des nombreux coups de théâtre qui émaillent ce récit.
L’ambiance parisienne d’avant l’exposition universelle est plutôt bien rendue et le mélange de personnages réels, tels le Dr Charcot, Lesseps ou les frères Van Gogh avec des personnages purement fictifs, se présente comme un cocktail plus que crédible. On pourrait croire que les choses se sont effectivement passées ainsi, dans cette ambiance très « années folles ».
La série ne dément pas tout le bien qui a été dit d’elle : L’ami Oscar ne fait que nous conforter dans notre enthousiasme. Vincent, en pleine possession de ses nombreux et différents personnages, nous les rend vivants, suscitant selon les uns ou les autres, l’empathie, la compréhension ou l’aversion de ses lecteurs à la lueur de leurs agissements et motivations respectifs. Sa Chimère, toute en nuances, en tout cas loin d’être taillée d’un seul bloc, n’a pas encore dit son dernier mot.