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Marc Lizano et le monde de l'enfance

Quand le travail se nourrit de collaborations

Le thème de la maltraitance sur les enfants revient souvent dans vos albums, pourquoi ce choix ?

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les civils ont été touchés, enfants compris. Si tu fais un récit sur les différences sociales par exemple, que tu observes les inégalités, tu vois que les enfants sont impactés directement. Quand je fais des livres pour enfants, j'aime leur parler normalement. Ils ont le même sentiment d’injustice et de révolte que les adultes, mais pas les mêmes référents.

L'Enfant cachée (Dauvillier, Lizano)

L'Enfant cachée (Dauvillier, Lizano)

On peut leur parler de tout mais pas n'importe comment, il faut s'adapter. La littérature jeunesse est beaucoup plus ouverte que la BD pour ça. C'est même un vrai leitmotiv dans la littérature ado, qui peut être très dure. J'ai fait des planches par exemple pour U4 avec Carole Trébor, le récit le plus difficile que j'ai eu à traiter : une petite fille se retrouve enfermée avec le cadavre de son grand-père et arrive au bord de la folie...

Vous êtes scénariste et dessinateur sur certains albums, vous faites des collaborations sur d'autres, comment préférez-vous travailler ?

Les collaborations, ça te sort de ta zone de confort car on t’amène une autre manière de faire. Paradoxalement, il y a des évolutions, des améliorations dans mon dessin qui ne viennent pas de moi. Par exemple, dans L'Enfant cachée, l'écriture de Loïc a réussi à amener de la douceur dans mon style graphique. Mon dessin s'adapte bien mais il faut un récit qui fasse ressortir les choses. Benoît lui traite de thématique violentes, de la folie, avec une violence sourde, il va loin. Il y a peu de respirations, peu de moments de répit mais il a une très bonne construction du récit, il arrive à doser. Quand je travaille avec un scénariste, je me plie graphiquement à son style et c'est intéressant.

Paloma Et si on goûtait dans le jardin ? (Trébor, Lizano)

Paloma Et si on goûtait dans le jardin ? (Trébor, Lizano)

Quelles références en BD vous ont influencé de manière générale ?

J'ai eu des lectures très classiques en BD. J'ai grandi avec Tardi, Moebius, Bilal... Puis est arrivée la BD indépendante, au début des années 90. Moi je rentrais à la fac, c'est à ce moment que j'ai commencé à faire du fanzine et dessiner. Assez tardivement finalement. J'ai tout appris tout seul. Les auteurs dont je me sens proche au niveau graphique, sont Sempé, un génie, Chess Adams, qui a fait La famille Adams et qui faisait du dessin de presse à la base dans les années 50, Schulz qui a fait Peanuts.

Paloma Et si on dessinait (Trébor, Lizano)

Paloma Et si on dessinait
(Trébor, Lizano)

Sur quoi travaillez-vous pour la suite ?

Déjà il y a les deux tomes de La pension Moreau, la trilogie sera terminée en 2018. Le deuxième tome de Père et Fils est sorti en Allemagne et je pense que La Gouttière va attendre les résultats du premier pour voir si on le sort en France, mais il y a eu un super accueil. Je travaille aussi avec Carole Trébor sur une BD muette qui s'appelle Paloma.

Il y a un récit que j'aimerais faire tout seul, des BD muettes animalières pour les petits et également un projet sur la commune de Paris avec Carole Trébor. C'est ma compagne en fait d'où les projets communs ! Carole est historienne à la base, donc ces thèmes reviennent souvent. J'ai aussi une proposition d'un éditeur de romans best-seller, qui voudrait adapter celui d'un auteur très bankable. Il s'agit à nouveau d'une histoire d'enfant caché. Rien n'est sûr mais je pense que ça se fera. Des projets jeunesse, j'en ai plein en tête, il y a tellement de choses à faire !

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Commentaire (1)

Superbe interview d'un auteur que j'adore. A noter également la réédition des dessins originaux de Vater und Sohn chez Warum ! voici le lien de l'album : http://culturebd.com/album-bd/207738-pere-et-fils

Le 02/06/2017 à 12h58