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Dessine-moi une ado jamais contente !

Dessiner l’âge ingrat

Travailler sur cette BD était pour vous une véritable replongée dans l’adolescence…

Journal d'Aurore T.1 page 9

Agnès Maupré : J’ai effectivement beaucoup puisé dans mon adolescence pour façonner mes personnages. Me souvenir de mes copines et de leurs parents m’a vraiment aidée à remplir petit à petit le monde d’Aurore. Parmi tous les protagonistes, je me retrouve énormément dans la sœur cadette d’Aurore, Sophie. Elle me rappelle mes copines et moi, qui incarnions à nous trois les têtes d’ampoule de la classe ! [rires]

J’ai aussi une petite part d’Aurore. Comme elle je n’arrêtais pas de râler à son âge. Je lui ai même légué mes postures et torsions de corps improbables, qui ne m’ont jamais lâchée.  D’ailleurs ça énerve toujours ma mère ! [rires] 

Dessiner des héros adolescents n’est pas forcément un défi facile à relever…

Lorsque je leur ai montré les premiers croquis, Marie et Charlotte trouvaient les personnages un peu trop vieux. Trouver le bon âge était la partie la plus dure, sachant que, dans le roman, Aurore passe de treize à seize ans. L’adolescence est un âge très élastique et il fallait que je respecte cette géométrie variable.Extrait du Journal d'Aurore T.1 page 41

Mon travail reposait aussi sur les mimiques et expressions des personnages, afin que leurs visages dégagent certaines émotions. Un prof de dessin m’a donné un conseil assez utile à ce sujet : qu’importe le sentiment, il faut toujours le ressentir, de manière à mieux le reproduire sur papier. Ça parait bête, mais cette leçon m’a beaucoup aidée pour le Journal d’Aurore !

Au-delà du physique, il y a aussi les pensées d’Aurore, très présentes dans le livre…

Quand on lit le roman on s’aperçoit qu’il y a deux mondes. L’un assez terre-à-terre, peuplé de couettes à motifs et de salles de classe. L’autre, plus intime et totalement dédié aux monologues intérieurs et commentaires qu’Aurore donne sur sa vie.  Seulement, en bande dessinée, on nous apprend souvent à éradiquer la voix off. Je devais donc faire ressortir ces passages-là tout en m’assurant que le texte et l’image ne disent pas la même chose. C’est d’ailleurs tout le charme de la BD : l’un ne marche pas sans l’autre !

Extrait du Journal d'Aurore T.1 page 32

Heureusement, Aurore a tendance à imager énormément ses réflexions. Faire une adaptation BD était une belle occasion de retranscrire ces images mentales, notamment dans les transitions entre les chapitres. J’ai donc pu dessiner à loisir les jungles amazoniennes, lévriers, limaces, rats-taupes et autres allégories présentes dans la tête de l’adolescente. Un bon trip de dessinateur ! 

Les aventures d’Aurore ont à présent leur film, réalisé par Emilie Deleuze. Quel est votre ressenti face à ce passage à l’écran ?

Je suis allée le voir en avant-première et je l’ai trouvé assez chouette ! C’était assez rigolo de constater l’écart entre l’Aurore du film et celle de la BD. À mes yeux, Aurore est une version de Marie ado : maigre, grand nez, cheveux ébouriffés... Elle tranche beaucoup avec la petite brune aux joues rondes que j’ai vue au cinéma !

Journal d'Aurore T.1 page 43

Marie, elle, était fascinée de voir à quel point un film pouvait être court et condenser les passages d’un livre. Jamais Contente se concentre majoritairement sur les événements du troisième tome, dans lequel Aurore intègre un groupe de rock. Du coup, le scénario prend un virage dynamique, mettant de côté la fumée cérébrale de l’héroïne...

D’autres projets en cours ?

Je suis plongée dans l’écriture du deuxième tome du Journal d’Aurore, qui nous réserve beaucoup de surprises ! Je suis aussi très contente d’avoir fini la scénarisation de mon Tristan et Yseult, avec Singeon au dessin. Et autre nouveauté : je me suis lancée dans l’écriture de paroles de chanson. J’ai même mon propre groupe Esprit Chiens, qui a donné son premier concert en octobre !

Extrait du Journal d'Aurore T.1 page 101
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