Macha : le passé de l’île d’Errance

L’univers fantasy

L'histoire de l’île d’Errance appartient à la fantasy. L’emploi de l’imaginaire vous a-t-il servi à traiter certains sujets sensibles ?

Flora Grimaldi : J’apprécie dans la fantasy et la science-fiction leur capacité à filtrer la réalité. L’imaginaire est une façon douce d’aborder certaines zones d’ombre de notre propre histoire : la colonisation des terres amérindiennes ou bien la déforestation de l’Irlande pour implanter des prés à moutons... On peut même faire le parallèle aux problèmes actuels tels que le rejet des migrants... L’univers d’Errance projette de façon fantasmée les agissements égoïstes d’un peuple, qui a imposé son existence et ses lois au détriment des autres.

La dimension mythique accompagne énormément le récit. On relève notamment des références à la mythologie celtique, comme l’Autre-Monde…

Flora Grimaldi : Dans la mythologie irlandaise, l’Autre-Monde est le lieu où se retire la tribu de Dana [La dernière génération des dieux celtes N.D.L.R.]. La vision de ce monde est assez spéciale car c’est ni l’enfer, ni le paradis. Du coup on s’est pas mal concertées avec Maike sur sa représentation. Il nous est rapidement paru sensé que celle-ci dépendrait du visiteur de l’Autre-Monde, que c’était à lui de construire sa propre image de l’endroit.

Maike Plenzke : Dans le passage où Macha rencontre le gardien de l’Autre-Monde, j’ai proposé de construire ce monde à travers elle, d’où l’idée de dessiner le gardien de l’Autre-Monde avec une tête de renard, à la fois pour rappeler l’animalité de la jeune femme, mais aussi renforcer l’allure autoritaire de ce personnage. Pour ma part je ne me suis pas vraiment inspiré de créatures mythologiques pour le gardien, comme la plupart des créatures il a été sur mesure.

Par exemple avant de trouver graphiquement les Sylvains [Créatures de la forêt N.D.L.R.], je me suis nourri d’image de bois et de frondaisons. L’objectif était d’afficher leur dépendance à leur environnement, alors je leur ai greffé certains éléments comme le lichen, la mousse des arbres...

D’ailleurs le deuxième tome révèle la diversité d’écosystèmes que renferme Errance…

Flora Grimaldi : Effectivement on découvre certains paysages comme le village des Pucas, qui sert de refuge à l’armée des natifs de l’île. Les Pucas sont généralement établis dans le Nord de l’île, que j’ai imaginé très pierreux. Pour aiguiller Maike, je lui ai suggéré de se baser sur les villages troglodytiques.

Maike Plenzke : Le village devait se démarquer de ceux que l’on a pu voir dans Bran. J’ai toute de suite pensé à des habitations souterraines et caverneuses. Flora m’a d’ailleurs envoyé des photos de ces habitats trouvés en Turquie et en France. Cela m’a vraiment avancée dans la recherche graphique du village des Pucas !

Macha semble très présente dans l’histoire d’Errance. Sera-t-elle dans la suite des aventures ?

Flora Grimaldi : Je suis en train de boucler l’écriture du troisième tome, Sarah, qui raconte ce qui se passe chez Bran en son absence. L’histoire ne sera donc pas concentrée sur Macha, même si j’adore ce personnage !

D’autres projets en vue à côté de l’île d’Errance ?

Maike Plenzke : Je réalise toujours des illustrations pour des clients à droite à gauche. Je prévois de continuer dans la bande dessinée, mais uniquement en tant que dessinatrice ! Je ne me sens pas encore prête à faire de la scénarisation, à moins que ce ne soit des petites histoires qu’il m’arrive de faire pour des magazines.

Flora Grimaldi : Je viens de commencer le tome 4 de Tib & Tatoum, et j’enchaîne sur l’écriture d’un nouveau projet de BD ado/adulte !