ZOO

Crevards en terre inconnue

Pas politique mais documentée

Pourquoi as-tu choisi d’animaliser tes personnages ?

J’adore dessiner les animaux. Comme c’est original : « quand j’étais petite j’adorais les poneys, etc. » [Rires]. Je me retrouve plus dans le graphisme animalier, car je trouve que mes gueules de bestioles sont plus authentiques que mes gueules d’humains. Dessiner des animaux permet en plus de sortir des représentations des différents peuples : comme si j’avais fait tous les humains verts par exemple !



Comment as-tu choisi les animaux pour vous représenter ?

Au hasard ! Bon, j’ai quand même discuté avec les copains avec qui je suis partie, car ils en prenaient aussi pas mal pour leur grade dans l’album ! Bien sûr, l’esprit n’était pas de se mettre en valeur ! Bien sûr j’ai forcé le trait et en ai fait des caisses, c’est un peu le but de l’exercice !

Comment as-tu travaillé sur place ?

Durant le voyage, j’ai pris des notes dans un carnet, y faisais des mini-BD, collé des machins. Mine de rien, comme j’adore dessiner et qu’en plus j’étais en vacances, j’étais détendue : c’était donc super agréable à faire !

Une fois rentrée, avec toute cette matière brute, tu te demandes : mais qu’est-ce que c’est que TOUT ça ? J’ai tout remis en ordre sur 2 ans et demi : j’ai commencé à tâtons et très vite je savais que la BD ferait 96 pages environ. Durant la première moitié, j’ai vraiment suivi le rythme du voyage puis pour la fin, j’ai élaboré un plan pour la fin. Mais j’ai utilisé que la moitié du carnet : j’aurais pu faire 200 pages, mais j’ai choisi ce qui me semblait le plus drôle, le plus pertinent !

Alors que je ne m’étais pas documentée avant mon voyage au Mexique, j’ai beaucoup lu sur le sujet à mon retour, de l’éthnographie à l’histoire, ce qui a donné aussi une nouvelle dimension à mon récit ! Aujourd’hui je pourrais te faire un exposé sur les différentes périodes historiques du pays, qui est très complexe !

Souvent tu insères des touches de ce savoir entre deux gags…

C’est vrai ! Même si je me suis beaucoup limitée pour que l’ensemble ne sonne pas trop didactique… Il me reste des moooooooontagnes d’informations que je n’ai pas pu caser !

Ce sont des vraies pages de carnet entre les différents chapitres ?

Non ! Le graphiste de Fluide Glacial m’a fait remarquer que l’album était un peu dense, vu que j’ai tendance à ne pas « gâcher » le papier et donc à bien remplir les planches ! Il m’a proposé d’insérer des pages de carnet et comme je voulais insérer un truc super propre, je les ai redessinées entièrement !

Il y a eu des anecdotes pas racontables ?

Les trucs trop « politiques », comme les massacres de leaders, je les raconte autrement : par exemple je fais parler un contestataire mort : « Avant je manifestais. Maintenant que je suis mort, on va boire des coups ! » Je me suis aussi limitée dans la critique, car j’ai vraiment beaucoup aimé ce pays mais comme j’ai une large tendance à tout critiquer, j’aurai pu donner une image fausse du pays !


Ce livre est avant tout pour moi un outil : si tu veux aller au Mexique, tu peux y apprendre des choses en te poilant, si tu y as déjà été, tu y retrouveras des petites choses déglingos que tu as peut-être vécues !

Comme la reconstitution de sacrifice humain ?

Lui, je l’ai complétement imaginé : ce serait quand même un peu de mauvais goût, surtout que le cochon se fait vraiment éventrer dans ma scène ! Comme j’ai représenté les Espagnols, sous forme de chevaux vu que ce sont eux qui les ont introduits en Amérique, c’est un groupe de chevaux qui hurle au scandale sataniste…



Quels sont tes projets à venir ?

Un guide ethnographique sur les autochtones alsaciens destinés aux voyageurs mexicains ! [Rires]

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