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Robert Capa, sa peau au bout de ses photos

Florent Silloray s’est lancé sur les traces du plus mythique des reporters de guerre, Robert Capa. Qui ne connait ses photos du 6 juin 44 à Omaha Beach ou celle de ce milicien abattu devant lui pendant la guerre d’Espagne ? Florent Silloray signe Capa, l’étoile filante, un biopic à la fois précis, romanesque et surtout très humain. On est en permanence avec Capa qui doute, qui aime et met sa peau au bout de ses photos.

Toute liberté des ayants-droits

Si on faisait un point sur votre carrière ?

Florent Silloray : A la base je suis un illustrateur jeunesse. J’ai travaillé sur une trentaine d’albums. C’est l’éditeur Sarbacane qui m’a ouvert à la BD avec sa collection pour adultes. En 2010, j’ai eu le projet de mettre en images les carnets de stalag de mon grand-père, prisonnier en Allemagne. L’album s’appelait Le Carnet de Roger.

Extrait du Carnet de Roger

Extrait du Carnet de Roger


Comme Tardi a fait avec les souvenirs de son père dans Stalag II B ?

Ce n’était pas le même rapport, mon traitement n’est pas similaire à celui de Tardi. Mon grand-père était décédé lorsqu’on a trouvé son carnet et quelques photos d’époque qu’il avait cachées. Plus de soixante ans après, j’ai fait une sorte d’enquête qui a pris du temps et j’ai publié Le Carnet de Roger à base de ses souvenirs.

Comment en êtes-vous arrivé ensuite à Capa ?

Il y a une part de hasard. L’été 2012, j’ai lu Waiting for Capa, un mélange de roman et de biographie sur Robert Capa et sa compagne, Gerda Taro, photographe elle-aussi. Il y avait beaucoup d’éléments que je ne connaissais pas. Cela m’a semblé incroyable que personne n’ait traité le sujet en BD, donc j’ai cherché comment raconter son histoire.

Extrait de Capa, l'étoile filante

Extrait de Capa, l'étoile filante

De plus, la documentation et sa collecte sont ma marotte et là, il en fallait beaucoup. Avec mon éditeur chez Casterman, nous avons contacté Magnum, l’agence de presse photos fondée à l’époque par Capa et Cartier-Bresson mais ils n’ont pas été intéressés par une coédition.

Il fallait que vous négociiez les droits avec les ayants-droits ?

C’est ICP (International Center of Photography) qui les détient. Cela a pris du temps car on ne voulait pas prendre le risque d’un blocage à la sortie. On a envoyé un synopsis, des planches. Ensuite ils nous donné toute liberté, sans relecture. Ils ont été aussi très élégants et nous ont prévenu qu’il y avait un autre projet dans l’air [NDLR : Omaha Beach, 6 juin 1944 par Morvan et Bertail].

Même avec cette liberté, j’ai fait très attention au cadrage des photos que je reproduisais et me suis servi de leur contre-champ pour montrer Capa en train de les prendre.

Le personnage de Capa vous a complètement envahi ?

Oui, j’ai passé des mois à lire à son sujet et rassembler de la documentation. Plus je fouillais, plus le personnage était incroyable. Ses amitiés, ses amours, la création de Magnum, sa lutte pour les droits d’auteur des photographes. Il avait un côté révolutionnaire.

Extrait de Capa, l'étoile filante

Quelle est pour vous sa photo la plus marquante ?

Difficile de répondre. Peut-être celles de la valise mexicaine, ces négatifs retrouvés il y a quelques années et sauvés pendant la débâcle en 40 par un diplomate. Et puis Omaha Beach et son travail sur le flou. Il y a aussi la libération de Naples et ses mères auprès des corps de jeunes résistants abattus. Enfin il ne faut pas oublier son travail avec la couleur dont une photo prise à bord d’un bateau en convoi dans l’Atlantique pendant la guerre, celle d’un marin en pull blanc.

Capa, l'étoile filante

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