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Grégory Mardon et la Vraie Vie d’un trentenaire d’aujourd’hui

Grégory Mardon, après L’Echappée et L’Extravagante Comédie du quotidien, signe La Vraie Vie sur un scénario de Thomas Cadène. Le héros, Jean, est employé municipal et accro au net. Trentenaire, il a une existence finalement banale et pourtant plus riche que l’on ne croit sur le plan humain, en particulier grâce à internet. Jusqu’au jour où... Grégory Mardon avec son trait souligné, naturel et expressif trace la route émouvante et sensible de Jean. Quelle est sa vraie vie ?

Comment avez-vous été amené à travailler avec Thomas Cadène ?

Grégory Mardon : On s’était croisé plusieurs fois. Sur Les Autres Gens notamment. Futuropolis nous a rapprochés. Le scénario était presque bouclé et nos univers correspondaient : on a discuté et on a décidé de collaborer.

La Vraie Vie 1

L’histoire de La Vraie Vie vous correspondait ?

Plutôt. Je travaille peu sur l’actualité. Je suis un chroniqueur du quotidien mais j’aimerai quand même rompre avec cette image de témoin de la vie de tous les jours. Même si la description des rapports humains est importante et j’aime ça.




Le héros est un exemple typique d’aujourd’hui ?

Oui. Il n’est pas solitaire, il a des copains, une petite amie, Carine. Il a inventé autre chose comme la plupart des jeunes, un mélange de rapports profonds et superficiels, avec le net en support.  C’est naturel pour lui. L’écran est une extension de soi. Tout le monde est touché par le phénomène mais chacun à sa manière, plus ou moins. Et c’est aussi mon époque même si je ne suis pas né avec.

La vraie vie extrait

Vous parliez de sa copine, Carine. Elle en est jalouse de ces liens dématérialisés ?

Oui parce qu’il a un lien avec, semble-t-il, une autre femme dont il ne sait pas grand-chose. Elle, ou il, est dans le Wyoming. Ils échangent des photos. C’est une sorte de jeu de piste. Cela ne dépend pas d’elle. C’est une relation à distance, intime aussi. Mais il faut préciser que Jean est bien dans ses baskets, regarde des films, des séries, joue et discute sur le net.  Il a réussi à en éviter les pièges et n’est pas frustré.




Le net est un mode de vie ou une évolution naturelle ?

Beaucoup de gens trompent leur solitude sur le net. C’est plus rapide pour créer des contacts, s’informer. Jean y passe beaucoup de temps. C’est la vie d’aujourd’hui. Même si cela peut provoquer des névroses comme suggérées dans le récit. Il mène un vie tranquille, un job pépère, sa mère pas loin, il tombe amoureux. Classique.

La vraie Vie 2

Et la maladie lui tombe dessus. Ce n’est pas un peu trop dramatisé ?

Thomas a voulu montrer que la maladie c’est la différence entre vie virtuelle et vie réelle. Finalement, la maladie, c’est la vraie vie. Il a voulu traiter le thème. Et puis le net, c’est la vie éphémère qui continue malgré tout car on laisse des traces à très long terme avec ses comptes Twitter, Facebook. Jean a laissé un message posthume. En fait, on ne s’attend pas à cette bascule dramatique.

Comment avez-vous travaillé sur La Vraie Vie ? Vous avez eu des difficultés ?

Pour représenter internet sur papier ce n’était pas facile. J’ai fait des pages éclatées, des écrans morcelés. Le découpage de l’album était très précis. Idem pour les dialogues. On a discuté souvent avec Thomas du scénario. Pour l’action, je n’avais pas trop de renseignements. Je pouvais faire ce que je voulais entre autres des vis-à-vis. Mon encrage est traditionnel au pinceau.

Après La Vraie Vie, quelle sera la suite ?

D’abord une exposition chez Arludik à Paris à partir du 5 janvier jusqu’au 6 février. J’expose avec Amoretti qui est illustrateur. Je reprends le dessin du Teckel et Bourhis sera au scénario. Chez Futuropolis, j’ai un projet personnel : un road trip. Quelqu’un achète un appartement et trouve une lettre qui va l’embarquer dans une quête, une recherche d’apaisement. Il découvre cette lettre qui date des années 60 en faisant des travaux dans son nouvel appartement et décide de la rendre à son destinataire. D’où son voyage.

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