Un été troublant pour l’élule de décembre

Des choix réfléchis

Le graphisme de tes personnages est très particulier, loin des figures idéalisées…

En général, j’aime les personnages qui ont un physique particulier : j’adore les caractériser, afin qu’ils aient de la personnalité. Par exemple pour certaines de mes illustrations, j’ai essayé de caractériser les nombrils des personnages ! Je voudrais dessiner des gens comme ceux qu’on croise dans la vie. Ce qui fait leur particularité, ce n’est pas forcément d’être parfaits !

La question de la représentation est très importante. C’est important qu’il y ait beaucoup de personnages différents dans la fiction, parce c’est aussi ce qui nous construit, nous marque, qu’on le veuille ou non. Quand on voit toujours les mêmes choses, une normalisation s’opère. Au contraire si on voit des personnages qui nous ressemblent, on peut se dire que nous aussi on a peut exister dans le lieu fictionnel.

Quand j’écris des histoires, j’essaye de faire attention de ne pas véhiculer des idées qui ne me plaisent pas. Dans le milieu du dessin, en tous cas dans la BD indépendante, je pense que quasiment tout le monde essaye de réfléchir à ces questions.

Quel est ton univers BD ?

Mes auteurs favoris en BD sont, entre autres, Cyril Pedrosa, Mathieu Bablet, Manu Larcenet surtout avec Blast, Journal d’un corps… J’aime aussi beaucoup la BD indépendante, surtout pour ce qui est du scénario. Ma BD préférée de tous les temps est Bonne nuit Punpun.

Sinon, en tant que public je suis surtout passionnée par le cinéma, indépendant notamment, un peu comme pour la BD. Il y a des films qui m’ont influencé pour Ramona comme Morse de Tomas Alfredson, Restless de Gus Van Sant et Submarine de Richard Ayoade. Ce sont tous les trois des histoires d’amours avec des personnages un peu étranges.

Nos derniers élules étaient produits par des collectifs d’auteurs, toi, comment travailles-tu ?

J’ai déjà travaillé avec un scénariste pour un recueil de nouvelles, mais c’est raconter mes propres histoires qui m’intéresse vraiment. J’ai l’impression qu’en France les auteurs de BD sont souvent uniquement considérés comme des dessinateurs. Evidemment il y a plein de bonnes choses qui sont faites en collaboration avec des scénaristes, mais pour moi la BD, c’est aussi de pouvoir tout faire, du storyboard à la couleur.

Quand sortira Ramona ?

Je n’ai pas encore fini la BD ! Pour le moment, j’ai tout le scénario et environ 50 pages déjà dessinées. Le financement en amont pourra me permettre de la finir. Si tout se déroule bien, je pense que j’en ai pour moins d’un an avant de la terminer. Je suis assez rapide vu que je fais environ une page par jour.

L’album se présentera comme un one-shot de 200-250 pages environ, format que j’aime beaucoup car il est assez cinématographique. Il sera imprimé sous la forme 17 x 24 cm et en couleur.

Où peut-on te retrouver en attendant ?

Je serai peut-être à JapaNantes. Ensuite, si ça marche pour Ramona, j’aimerais beaucoup remettre les BD en mains propres et faire des dédicaces-rencontres à Nantes et à Paris, voire dans d’autres villes si j’y arrive !