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Hyver 1709 : « Mad Max sous Louis XIV »

Philippe Xavier et Nathalie Sergeef étaient de passage à la Galerie Glénat à Paris. Philippe Xavier y expose les planches originales d’Hyver 1709, leur dernier album. Grande aventure de cape et d’épée sur fond de campagnes enneigées et de famine sous le règne de Louis XIV, Hyver 1709 a du souffle dans son écriture et toute la puissance du dessin de Xavier. Une rencontre avec un couple dont on sent la parfaite complicité créatrice.

Nathalie Sergeef et Phippe Xavier

Nathalie Sergeef et Phippe Xavier devant les planches d'Hyver 1709 (DR JLT)

Course contre la montre

D’où vient l’idée de cette balade très mouvemente en 1709 ?

Nathalie Sergeef : L’idée originale est de Philippe Xavier. On visitait le château de Versailles et le guide a évoqué le terrible hiver de 1709 sous Louis XIV. Philippe a trouvé que c’était une période géniale comme cadre pour une BD. L’hiver 1709, glacial, a été le déclencheur. On a eu un vrai coup de foudre pour cet épisode moins connu du règne de Louis XIV où la famine est terrible en France.

Philippe Xavier  : C’est un Mad Max sous Louis XIV. Dans Mad Max, on recherche désespérément eau et pétrole. Dans Hyver 1709, c’est le grain pour faire du pain, pour que le peuple survive. On a eu cette idée effectivement ensemble et, bloqués plus tard dans un aéroport, on a commencé à se raconter l’histoire dont la scène du début de l’album : la mort de Guillaume l’ami de Rohan, notre héros.

Nathalie Sergeef : On discute avant de se lancerde la trame générale. On sait que dans le deuxième tome, on va approfondir la famine, le manque de pain et les réactions du peuple.

Extrait de l'album
Votre héros fait une vraie course contre la montre ?

Philippe Xavier : Oui, Rohan a quatre jours pour apporter la lettre royale qui valide l’achat par la France à ceux qui ont la cargaison de grain sur leur bateau. Ils peuvent à tout moment aller la proposer ailleurs.

Comment avez-vous travaillé avec Nathalie ?

Nathalie Sergeef : Le travail à deux est très agréable. On a signé un diptyque classique mais original. Cela a été une vraie bouffée d’oxygène après mes autres séries. On a créé comme on imagine un film. Cela a été une vraie partie de ping-pong. On découvrait des pistes, on rebondissait dessus.

Philippe Xavier : Nathalie a commencé à écrire son scénario et j’ai travaillé au fur et à mesure. Je n’aime pas avoir le scénario complet, d’un coup. Scène par scène, c’est parfait. Nathalie écrit bien sûr 100% des dialogues.

Nathalie Sergeef : Je viens de finir l’écriture dudeuxième tome. J’écris mon scénario comme un roman, par séquence : j’ai déjà avant une vision de l’action.

Philippe Xavier : J’orchestre visuellement le découpage et on fait le montage. Il faut qu’il y ait des surprises dans l’histoire, cela me tient à coeur. Je voulais aussi une scène sur un pont. Un classique dont on a inversé les rôles avec la mort du loup, tué par le moine.

Western sous la neige

Vos héros sont représentatifs de l’époque ?

Nathalie Sergeef : Le personnage du moine tueur m’est venu spontanément. On a un petit faible pour lui [Rires].On retrouvera Rohan, le héros,dans le deuxième volume, mais aussi un flash-back sur Guillaume, son ami, tué au début du premier.  Quant à la vicomtesse, le personnage féminin, elle montre le rôle de la petite noblesse de campagne. On s’est immergé dans l’histoire pour reprendre en fait tous les problèmes de Louis XIV à l’époque :la famine, la révocation de l’Edit de Nantes et la lutte armée en Cévennes contre les protestants.

Extrait d'Hyver 1709

Philippe Xavier : Les ennemis de Rohan en sont les exemples. Avec Ravel, Valescure, on est un peu dans l’univers des 7 Mercenaires en particulier dans la scène de combat à la fin du premier tome. Une forme de western dont on n’a pas été conscient au départ. On travaille le rythme, l’équilibre entre narration, action, dialogues. On revient un peu à l’ambiance des films anciens en noir et blanc ou des séries de nos jours.  Il faut densifier la psychologie des personnages, travailler le cadrage.

Finalement le butin après lequel tous courent c’est du grain. Ils le savent tous ?

Nathalie Sergeef : Le jeu c’est « qui sait quoi sur ce butin ». Cet album est très visuel, enlevé dans les décors sur fond de neige très travaillés.

Philippe Xavier : C’est ce que je recherche à chaque fois. J’apporte au départ mes idées visuelles. Je le faisais avec Jean Dufaux. Quand j’ai fini mes deux précédentes séries, Croisade et Conquistador, je cherchais un nouveau décor. J’ai toujours été très admiratif de l’ambiance des 7 Vies de l’épervier de Juillard. La neige était un défi graphique, un univers difficile.

Extrait d'Hyver 1709
Comment sont faites les couleurs ?

Philippe Xavier : Sur ordinateur par Jean-Jacques Chagnaud. Je suis arrivé à faire ressortir ce que je voulais au final. Toutes les planches avaient été coloriées mais on ne ressentait pas assez le fond, le trait. On a donc changé pas mal de séquences. Il faut toujours trouver la justesse de ton avec les couleurs.

Dans le deuxième tome, l’histoire se termine ?

Philippe Xavier : Pour ce diptyque, oui.

Nathalie Sergeef : La fin de l’intrigue est bouclée.

Philippe Xavier : Il y aura des morts dans ce tome 2 : ça va saigner [Rires]. Je voulais 100 planches, me faire plaisir. J’espère que Hyver 1709 recevra un bel accueil et qu’on puisse continuer. Si cela marche on fera les quatre saisons [Rires]. On a fait l’hiver, le deuxième tome sera plus chaud. Destination le Brésil. On va apprendre que Rohan est le fils d’un lieutenant de Jean Bart. Cela peut ouvrir des pistes.

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