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Lycan envers et contre tout !

VanRah est une auteure française de mangas qui n’a pas la langue dans sa poche ! Autodidacte à l’univers fourni, elle revient sur son parcours et son premier volume de Stray Dog publié chez Glénat Manga.

Un manga français passé par les Etats-Unis

© VanRah

Comment avez-vous forgé votre carrière d’autodidacte ?

VanRah  : J’ai toujours aimé le dessin car il m’a permis d’exprimer ce que je pense sans blesser les gens autour de moi. J’ai commencé la BD en racontant de manière humoristique ce qui m’arrivait. Après je me suis dit pourquoi pas créer des histoires de fiction et les partager ? Comme je me suis rapprochée de la scène fanzine et que je ne connaissais pas du tout mon niveau, car potentiellement tout le monde est meilleur que moi, vu que je n’ai pas de référent, j’ai cherché des trucs pour m’améliorer.

J’ai eu la chance d’avoir rencontré plein d’auteurs américains, dont des grands noms, qui étaient prêts à partager leur savoir, d’où ma « formation » comics. Ensuite il y a eu aussi des auteurs japonais.

Comme je ne sais pas me comparer, je passe ma vie à refaire ce que je fais. Cette année, j’ai redessiné les trois quarts des BD que j’ai dessinées avant, pour les améliorer. D’ailleurs, pour trouver sous quel angle attaquer une série, je fais souvent au moins 5 versions !

Et comment êtes-vous arrivée à Stray Dog ?

C’est un projet qui date de très longtemps, puisque c’est la suite d’une de mes premières séries : The Dark Feary Tales. Chacune de mes histoires peuvent être lues indépendamment mais se déroulent dans le même univers.

Stray Dog, je l’ai mis en fanzine, il y a 8 ans. Ensuite j’ai essayé de le passer en édition classique, mais ça a rebuté les éditeurs car je suis entre comics et manga et je mets en scène une figure fantastique pas vendeuse : le lycan. On m’a dit plein de fois « si seulement vous aviez mis des vampires »…

© VanRah

Pour voir si le projet était viable malgré tout, je l’ai mis sur Inkblazers. Cet éditeur offrait une plateforme où les gens proposent leur titre et s’il y a un bon accueil, on avait des contrats de publication. Une sorte de test panel international grandeur nature !

J’ai eu la chance que ma série soit devenue la série la plus lue du site en deux mois ! Ensuite j’ai pu ramener la série en France et demander aux éditeurs de rediscuter de mon lycan… Et j’ai eu la chance que Glénat soit intéressé !

Comment êtes-vous arrivée au format manga ?

D’abord, je ne dessinais que du comics. Le format manga est venu bien plus tard, car il me permet de multiplier les cases et casser le rythme pour détailler une action ou une émotion par exemple.

© VanRah

Comme je suis autodidacte, il fallait que je puisse être éditée dans un format qui n’effraierait pas les éditeurs. On m’a beaucoup répondu que le manga français ne marche pas, que le public aime surtout les mangas fait par des Japonais. Mais le manga, c’est un style de BD, un nombre de pages, une taille de pages ! Comme la BD franco-belge ou le comics…

Comme ce format me convient, je suis donc restée dans le format manga et à force, le public s’attache plus à la qualité de l’œuvre qu’au nom marqué sur la jaquette.

Est-ce pour cela que vous êtes restée sur le sens de lecture français ?

Sur Inkblazers où j’ai prépublié, il fallait que le sens de lecture soit à l’occidentale, sinon c’est rédhibitoire pour un public peu friand de mangas ! D’ailleurs, je n’étais pas étiquetée manga là-bas mais graphic novel ! D’ailleurs quand j’ai commencé chez eux, je leur ai donné le choix du sens de lecture, ce sont eux qui m’ont mis en garde sur le sens de lecture. Donc quand je suis arrivée chez Glénat, trois volumes étaient terminés et on ne voulait pas les inverser.

© VanRah

Amoureuse de l’hybride

Comment êtes-vous venue aux lycans ?

Très naturellement car le loup est un animal qui me fascine. Il jouit d’une réputation exécrable dans les contes ou dans les croyances populaires. Ca me permettait d’inclure certains critères : le côté bestial et la contrainte qui allait avec. Ces personnages là ont une sensibilité accrue, ce qui les rend finalement plus humains que les humains eux-mêmes !

© VanRah

Comment avez-vous créé graphiquement votre bête du Gévaudan ?

Je me suis basée sur la description qu’en ont faite les gens à l’époque où elle commettait ses méfaits. On a une énigme judiciaire et pas mal de témoignages écrits consultables ainsi que des dessins d’époque. Les caractéristiques qu’ont retrouve c’est un animal de grande taille qui ressemble à un loup, avec le poitrail blanc et une queue très fournie. Les gens parlaient aussi d’un squelette diabolique, donc une colonne vertébrale proéminente… Pour donner cet effet de colonne du diable, j’ai posé un squelette de bœuf sur un loup très massif.

Pouvez-vous nous expliquer son logo ?

Dans mes logos, j’aime bien faire un résumé de l’histoire du personnage. Donc sur celui de Toru, le lycan « Bête du Gévaudan », j’ai mis le crâne de la bête du Gévaudan et le 666, chiffre diabolique, la faux, car il a fait énormément de victimes. Une horloge aussi car Toru a un temps compté à vivre avant de devenir un démon à l’état pur mais aussi les flèches qui l’ont blessé.

© VanRah

Dès votre premier tome, un des deux personnages principaux meurt !

J’ai horreur des flashbacks longs et pour raconter ce que je voulais il m’aurait fallu 300 pages de flashback disséminés dans la série. Donc j’ai préféré raconter ce qui se passe au début de la série : c’est moyen de comprendre le changement de comportement de Toru par exemple.

Sous quelles influences est né votre univers complexe ?

Mon univers appartient vraiment au steamfantasy. J’ai mêlé deux courants que j’adore : le steampunk, pour son rapport à la mécanique, et la fantasy, avec beaucoup de mythes et légendes réinterprétés. Je mélange les deux et y ajoute une couche de traditions orientales. Mon style et mon univers sont des hybrides nés de tout ce que j’aime.

Dans mon univers deux civilisations s’opposent : les karats, des démons de toutes origines, et les humains qui ont tout colonisé. Les karats peuvent changer de forme et d’apparence pour se fondre dans la masse, car sont extrêmement mal vus. Les karats sont malgré tout reconnaissables par leurs caractéristiques physiques, comme les yeux rouges pour le héros ou ses oreilles qu’il oublie quelques fois de cacher.

© VanRah

Comme face à des animaux sauvages, les humains peuvent avoir plusieurs réactions face à la « menace » karat : soit on fait du « préventif » et on les élimine soit on peut essayer de s’en protéger sans les exterminer.

Où situeriez-vous la ville principale de l’intrigue, Isthar ?

Isthar est au centre de la carte et tout le reste autour : c’est le siège de toutes les grosses organisations, qu’elles soient karats ou humaines. Dans ma série Akazukin, qui se déroule bien avant Stray Dog on découvre comment Isthar, cité des karats, a été envahie par les humains.

En combien de volumes avez-vous prévu cette série ?

Mon scénario est bouclé pour 9 volumes de même épaisseur. Mais ça peut encore bouger avec la marge d’erreur, ça peut aller de 9 volumes minimum à 13 volumes maximum.

© VanRah

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