ZOO

Bézian et Docteur Radar, deux insaisissables

Bézian avait déjà travaillé avec Simsolo au scénario pour Ne Touchez à rien. Depuis, après un Aller-Retour autobiographique, Bézian revient dans Docteur Radar à un récit narratif, une fois encore avec Simsolo. Retour sur cette œuvre à l’occasion de l’exposition de ses planches originales à la galerie Glénat.

Un virage dans votre expression, ce Docteur Radar  avec Simsolo ?

Ce n'est pas la première fois que nous travaillons ensemble avec Simsolo. Il avait écrit spécialement pour moi Ne Touchez à rien. Nous voulions retravailler ensemble. Et moi changer d'air après le voyage introspectif et autobiographique d’Aller-Retour dans lequel l'action est nulle au premier degré. Il fallait que je reparte sur un scénario avec justement de l'action.

Votre style dans Docteur Radar  est évolutif, changeant.

C'est Joyce dans Ulysse qui change de style à chaque chapitre, ce qui ne nuit pas à l'intégrité de l'œuvre. Il y a longtemps que je m'amuse avec cela. La BD fait dans 80% des cas du cinéma sur papier. Il faut triturer le cadre pour chambouler le rythme.

Changer concerne aussi le dessin des personnages ?

Absolument. Spirou avec ses trois premiers dessinateurs, Lucky Luke au fils des albums de Morris ont changé, évolué, se sont transformés. La BD fonctionne avec des ellipses. Tout se joue sur ces bases.

Docteur Radar  a le ton d'un feuilleton. Simsolo l'avait inventé et écrit pour une diffusion radio sur France Culture.

Oui. Un feuilleton un peu pastiche avec de grosses vannes qui mettent de la distance. Mes personnages ont des yeux dilatés, parfois fous. Et tout se passe la nuit. J'ai essayé de ne pas tomber dans le réalisme classique.

Les décors sont eux-aussi fantasmés ?

C'est l'imagerie collective de Paris dans Docteur Radar. Toujours l'ellipse, cette force de la BD. La narration se véhicule sur ce que l'on ne voit pas. Joyce avait inventé l'architecture de la ville de Dublin dans Ulysse.

Dans Radar, votre trait explose, s'envole avec les gestes des personnages. Les couleurs aussi jouent un rôle capital.

J'ai toujours aimé jouer dans la cour d'un genre précis. Il y a une part de surréalisme dans mon travail. J'utilise les artifices de la BD. Pour la couleur, je ne fais pas du coloriage du style l'herbe est verte, le ciel est bleu. Je privilégie les atmosphères plus que les descriptions. Le clin d’œil à la pellicule teintée du début du cinéma est voulu. J'aime les ambiances monochromes. Le jeu de la vision n'est pas le même avec ou sans couleur.

Radar est complètement jobard ?

Bien sûr. Quelle idée de se donner les moyens d'aller sur la Lune pour bombarder la Terre. L'album est aussi bourré d'anachronismes. On est dans les années 20, dans un imaginaire collectif. Je me suis amusé avec ce Paris rêvé.

Une suite est possible ?

La matière existe. A voir. On n'a pas réussi à retrouver les enregistrements de la version radio. A noter que Michel Lonsdale était Radar au début. Il y a dix heures de feuilleton. Une exposition de mon travail aura lieu à Paris du 19 février au 11 mars 2014 à la galerie Glénat.

Haut de page

Commentez

1200 caractères restants