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Vie privée : l'Homme face à la machine !

L’homme contre la machine

Récupérer son identité

Si les personnages des trois BD sont traqués, persécutés, c’est avant toute chose parce que le combat face à la machine est inégal. L'évolution rapide des technologies n'a pas laissé aux principaux concernés le temps d'apprendre à y faire face, à s'en protéger. Et ils ne réalisent que trop tard l'ampleur des dégâts.

C'est particulièrement vrai dans MediaEntity, où la technique a dépassé le technicien. C'est d'ailleurs ce qu'explique Simon, le scénariste : « Nous avons pris le problème à l'envers : on ne voulait pas commencer par la société de contrôle. On sait que l'accélération de l'information, et l'absence de capacité à la traiter, permettent la mise en place de moyens de contrôle puissants. Mais est-ce vraiment la cause du problème ? Je n'en suis pas sûr. C'est pour ça que nous voulions commencer par la question de l'individu face à ça. La dénonciation du contrôle ne suffit pas, ce qui vient bien avant, c'est notre envie de partager nos données. Le contrôle est un effet secondaire... ça vient de quelque chose de plus profond ».

Une journaliste utilisant le réseau social MediaEntity.

Les journalistes, pas toujours les mieux informés...
© Emilie et Simon, Delcourt, 2014

Cham, l'écrivain de Spyware, est dépassé par sa propre identité numérique. Et on le ressent d’autant plus qu’on voit ses mails hackés, ses SMS piratés, son appartement observé. Tout lui a été pris pour le faire exister autrement, différemment. Et sa quête effrénée pour trouver le responsable se heurte rapidement à un écueil de taille : son adversaire en sait déjà trop, quand lui n'a aucune information sur le responsable des événements.

Au Royaume des Aveugles présente aussi ce combat de l'individu contre la machine, et ce qui est intéressant c'est qu'il le présente à plusieurs niveaux : si Laurette est en opposition directe, prête à devenir une terroriste au nom de sa cause, son frère, Adil, a encore tout à apprendre... Sa position évolue à mesure qu'il s'intéresse au sujet, mais surtout parce qu'il a l'occasion d'être du côté de l'autorité, de goûter à l'absolu pouvoir qu'est le contrôle de la vie des autres. Il réalise alors que pour pouvoir exister sans être observé, il faut être hors champ, c'est à dire dans l’œil du cyclone, ou plutôt de la caméra.

Ce que disent ces BD, c'est que le principal responsable est, finalement, chacun d'entre nous. En laissant faire, en laissant le contrôle s'installer sans jamais le remettre en question, nous avons accepté ses possibles dérives. Et nous finirons par en payer le prix.

Combattre la technologie

Attentat contre le système de surveillance !

Attentat contre le système de surveillance !
© Salsedo/Jouvray, Le Lombard, 2012

Alors que faire ? Puisqu’il faut se réapproprier la technique, Cham, l'écrivain dont l'identité a été usurpée, va chercher les services d'un ami... informaticien. Il lui faut comprendre et réapprendre la technologie, avant de pouvoir l’affronter.

Dans Au Royaume des aveugles, la solution est plus radicale, puisque Laurette a décidé de prendre les armes pour affronter une société qu’elle désapprouve. Elle rejoint un réseau clandestin qui se bat contre la société de contrôle. Face à l'omniprésence de l'écran (constamment présent dans le dessin), il leur faut disparaître, et ne réapparaître que pour mieux détruire le système.

Au Royaume des aveugles et Spyware préconisent donc une même solution : faire face, reprendre le contrôle, agir. Il est impératif de ne pas se laisser abattre, d’aller au devant du problème. Et c’est finalement ce que feront, à plus ou moins long terme, l’ensemble des personnages.

Wilhem sait ses informations précieuses...

Wilhem sait ses informations précieuses...
© Emilie et Simon, Delcourt, 2014

MediaEntity cherche la solution d'un autre côté : si l'individu est responsable de sa situation, alors c'est à lui de prendre les devants... et de se déconnecter. Totalement. D'oublier la vie numérique, la technologie. Eric Magoni, le trader innocent et pourtant pourchassé, va devoir se joindre aux « infectés », ces personnes qui ont fui le réseau social et ont purement et simplement disparu de la circulation.

Il est, quelque part, cocasse que ce soit la BD qui dénonce ici une société ultra-connectée, tant elle-même est absente du champ numérique et se cantonne, bien souvent, au papier. Et pourtant même la bande dessinée se connecte de plus en plus : bandes-annonces, présence en ligne, voire même, dans le cas de MediaEntity, qui en joue, une identité numérique (http://www.mediaentity.net/).

Et puisqu’il est nécessaire que chacun soit attentif à ses données en ligne, le site de la BD transmédia MediaEntity propose d’en découvrir plus : jeux de rôle, de piste, combines et revue de presse de Wilhem, sont autant de moyens de pousser un peu plus loin l’expérience...



Seul Wilhem sait ce que cache MediaEntity...

Seul Wilhem sait ce que cache MediaEntity...
© Emilie et Simon, Delcourt, 2014

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Commentaires (2)

c'est une réalité bien présente et de plus en plus avec les nouvelles technologies

Le 01/02/2014 à 03h03

Le sujet est assez flippant et surtout d'actualité ! Ce sujet est également traité dans le N°2 de la Revue dessinée. C'est une enquête menée par J.M Manach, dessinée par Nicoby sur les écoutes en Libye menées par Kadhafi grâce à la techno made in France.

Le 25/01/2014 à 11h17